Podcasts
Quatre étudiantes, Léonie Devos, Théa Drouet, Julie Glorieux et Naïs Landriau, issues du Master Médiation et Création Artistique de la Sorbonne Nouvelle s’emparent des thématiques phares du Festival Jogging et partent à la rencontre de professionnel·les du sport, sociologues et sportif·ves !
Thématiques abordées :
Épisode 1 : Sports artistiques, danses compétitives : où se situe la frontière
entre art et sport ?
Un podcast qui questionne la place qu’occupent les dimensions sportives et artistiques dans leurs disciplines respectives.
- Hakim Hachouche, danseur-chorégraphe et formateur des danses hip-hop
- Sylvie Neuville, championne d'Europe de natation artistique, ex-entraîneuse olympique et cadre technique national de la Fédération Française de natation
Épisode 2 : Transidentités, intersexuations et carrières sportives : véritable
débat ou exclusion sociale ?
Un podcast qui confronte la question brûlante de l’équité sportive.
- Anaïs Bohuon, professeure des universités à l’Université Paris-Saclay, socio-historienne du sport, du corps et du genre
- Sandra Forgues, athlète, médaille d’or de canoë en 1986, femme trans
Épisode 3 : Médiatisations, corps et tenues : quelles injonctions esthétiques pèsent sur les sportives ?
Un podcast qui apporte des pistes de réflexion sur les injonctions esthétiques qui pèsent sur les sportives.
- Michèle Hall, présidente du club de gymnastique de la Légion Saint Pierre à Brest
- Sandy Montañola, chercheuse au laboratoire Arènes à l'université de Rennes et responsable de la 2ème année de formation en journalisme de l'IUT de Lannion, spécialisée sur les questions liées à la médiatisation du sport et du genre
Épisode 4 : Grossesse et carrière sportive : comment les concilier ?
Un podcast qui questionne la grossesse et ses conséquences sur le parcours de sportives.
- Gwenaëlle Bontemps, sage-femme
- Laura Defretin, danseuse hip-hop et cofondatrice de la compagnie Mazelfreten
Épisode 5 : Lutter contre l’homophobie dans le milieu du sport
Un dernier épisode qui célèbre la lutte contre l'homophobie dans l'univers du sport !
- Alban Vandekerkove, président des Coqs Festifs, club de rugby LGBTQIA+ et inclusif
En libre écoute sur les comptes SoundCloud et Spotify du Carreau du Temple
Cette quatrième édition du Festival Jogging s’exporte au format podcast avec un partenariat entre Le Carreau du Temple et la Sorbonne Nouvelle. Focus sur les grandes thématiques qui animent le Festival Jogging pour une quatrième édition depuis sa création !
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La Seine : usages passés et futurs
Cette année, le cycle de débat-conférence des Rencontres de la Sorbonne en partenariat avec Le Carreau du Temple, propose un questionnement sur le thème de l’eau et des enjeux actuels liés à la crise que représente l’accès à cette ressource.
La rencontre
« Ce n’est pas une folie, c’est une ambition » - Pierre Rabadan, adjoint à la Mairie de Paris en charge des Jeux Olympiques, à propos du projet d’assainissement de la Seine pour Paris 2024.
En prévision des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, la Ville de Paris s’est donnée pour mission de nettoyer la Seine pour y accueillir les sports nautiques. 100 ans après les Jeux Olympiques de Paris de 1924, la Ville de Paris promet de laisser en héritage des jeux de 2024 une Seine baignable pour les parisien·ne·s. Mais quels en sont les enjeux, symboliques et concrets, que soulève l'utilisation de la Seine pour les Jeux Olympiques 2024 ?
En invitant Julia Moutiez, architecte et enseignante à l’Ecole d’Architecture de Paris Val de Seine, Emmanuelle Segura, cheffe de projet à l’Odyssée, ainsi qu’Isabelle Louviot et Jacques Damade, co-auteur·ices du Guide sentimental des piscines municipales de Paris, cette conférence vient questionner le sujet des usages citoyens de la Seine sous un angle historique, social, culturel et politique.
C’est tout d’abord avec un regard historique que seront observés les usages culturels et sociaux de la Seine. D’un lieu de baignade accessible à tou·te·s, elle devient en 1923 interdite de baignade, marquant ainsi un changement radical dans le rapport possible des riverain·e·s avec la Seine. Mais la force et la symbolique de ce rapport se reflètent jusque dans le dépassement de l’interdiction, puisque l’habitude de se baigner dans la Seine ne s’est perdue qu’après les années 1950. La question historique et sociale permet alors de mettre en lumière les facteurs qui ont influencé les décisions politiques et de santé publique ayant fait de ce fleuve au rôle significatif dans l’épanouissement de la ville, la Seine que nous connaissons aujourd’hui.
En effet, si l’habitude de se baigner librement dans la Seine ne fait plus partie des mœurs, l’activité se faisant sur, dans et autour de la Seine persiste. La relation entre les Parisien·ne·s et la Seine, mais également avec les habitant·e·s de l’Île-de-France ou encore les touristes, existe toujours, bien que différemment. C’est d’ailleurs ce regard porté sur la Seine qui a su convaincre l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris pour 2024. Mais cette occupation événementielle du fleuve nécessite un assainissement des eaux, à la fois coûteux et questionnable sur la question environnementale. Elle est un sujet de désaccord en raison des besoins et initiatives mis en place par la Ville de Paris pour l’appropriation de la Seine par les Jeux. Néanmoins, 100 ans après l’interdiction de baignade, la volonté de réhabiliter cet espace d’eau redevient une priorité.
Ces projets de transformation et la volonté politique de rendre la Seine à nouveau accessible à la baignade plaident pour une diversification des usages et des pratiques culturelles liées au fleuve. Cette rencontre sera l’occasion pour nous d’interroger les enjeux qu’un usage mixte (à la fois commercial, sportif et récréatif) recèle, et de regarder de près les antagonismes sous-jacents aux diverses cultures de l’eau qui se rencontrent dans cet espace fortement règlementé qu’est la Seine. Au-delà d’une préoccupation instantanée, c’est une préoccupation de l’avenir de la Seine et du rapport que cet événement tente de raviver qui interroge autour de ces projets.
Quatrième rencontre des Rencontres de la Sorbonne du cycle « Cultures d'eau » avec en invité·e·s : Julia Moutiez, Emmanuelle Segura, Isabelle Louviot et Jacques Damade !
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Traversées d’eau
Cette année, le cycle de débat-conférence des Rencontres de la Sorbonne en partenariat avec Le Carreau du Temple, propose un questionnement sur le thème de l’eau et des enjeux actuels liés à la crise que représente l’accès à cette ressource.
La rencontre
Qu’est-ce qu’une traversée ?
Traverser : parcourir des territoires ou des étendues, solides ou liquides pour quitter un espace en vue d’en atteindre un autre.
Ce n’est pas uniquement la trajectoire géographique que nous souhaitons interroger avec cette rencontre, mais aussi les trajectoires de vie qui conduisent hommes, femmes et enfants à se mettre en voyage au risque de leur vie, pour atteindre de nouveaux horizons. Point de croisières, il est question ici, non pas d’excursion ou de plaisance, mais de fuites de pays parfois hostiles et d’incursions dans des vies fragiles soumises à la violence des aléas qu’accompagnent ces traversées : difficulté d’accès aux soins médicaux, violences sexuelles et sexistes, manque d’accès à l’hygiène et à la nourriture...
Phénomène qui marque notre époque, les traversées migratoires tuent celles et ceux qui osent les entreprendre, au point de devenir le point central de théories politiques, comme la naissance de la nécropolitique de Mbembé, inscrite en contrepoint à la biopolitique foucaldienne.
Qu’on ne s’étonne pas, pour cette rencontre, de l’absence d’artistes parmi nos invité·e·s : le thème de l’eau et des cultures de l’eau nous a conduits à interroger, justement, « les cultures des eaux », entendues comme toutes les pratiques culturelles et politiques qui s’organisent autour de l’eau. De l’accès à l’eau en tant que ressources, à la gestion de l’eau en tant que territoire, à l’expérience de l’eau en tant que surface et obstacle à franchir au péril de sa vie ; entres les rives de notre mer du milieu qui a été le terreau fertile permettant l’essor des arts et des cultures du sud de l’Europe.
Il est toujours question de cultures dans nos rencontres, d’expériences, de manières de vivre et de conceptualiser ces espaces et ces expériences : la mort et l’eau sont souvent associées dans nos récits.
À travers cette conférence, ce sont ces traversées migratoires que nous retraçons, leurs histoires et les enjeux qu’elles entraînent. Avant toute chose, esquisser le contexte actuel affligeant des mortalités en mer semble essentiel à la bonne compréhension des problématiques multiples, cruciales et interdépendantes que nous souhaitons aborder. Le sud de l’Italie et Malte, érigées en symboles de l’urgence migratoire et des mortalités relatives, sont notamment centrales sur les itinéraires. Effectivement, les grands naufrages ayant lieu dans les eaux méditerranéennes cachent souvent la réalité de morts provoquées par l’absence d’intervention de la part des pays concernés, ou nécro politiques.
Pendant la deuxième partie nous allons aborder la question de l’interculturalité qui résulte de ces traversées migratoires. La traversée pourrait être aussi un moment d’espoir, de rencontre entre cultures, nécessaire à l’enrichissement culturel de chacun·e. Ainsi, cela renverserait la logique d’états qui accompagne la réflexion autour des migrations et de l’eau, afin de repenser ces voyages comme un lieu où se nouent des liens de solidarité internationale et d’humanité.
Troisième rencontre « Traversées d’eau » des Rencontres de la Sorbonne avec en invité·e·s : Simona Tersigni, enseignante chercheuse à l’Université Paris Nanterre, Adriano, bénévole de l’association SOS Méditerranée, Fleur Germain, coordinatrice plaidoyer chez Utopia 56, accompagnée de Fabien Touchard, coordinateur de l'antenne Grande-Synthe de Utopia 56.
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L’eau comme territoire
Cette année, le cycle de débat-conférence des Rencontres de la Sorbonne en partenariat avec Le Carreau du Temple, propose un questionnement sur le thème de l’eau et des enjeux actuels liés à la crise que représente l’accès à cette ressource.
La rencontre
Une semaine après la première conférence Lutter pour l’eau, nous souhaitons poursuivre le cycle en abordant les questions d’appropriation d’espaces maritimes et de territorialisation des mers et océans. Les objectifs de cette conférence sont notamment de comprendre comment les territoires maritimes sont gouvernés, et comment nous pouvons concilier les enjeux environnementaux, socio-économiques et géopolitiques qu’implique l’utilisation de la mer au quotidien par de multiples secteurs et les mobilités permanentes au sein de ces espaces.
L’eau, tout particulièrement celle des espaces maritimes, représente un enjeu en termes d’appartenance et de propriété : par sa nature, l’eau semble être un endroit et un bien appartenant à tout le monde et, à la fois, à personne. Éclaircir des questions juridiques et sociopolitiques devient, alors, nécessaire. La gestion des eaux maritimes a impacté directement la vie de nos sociétés tout au long de l’histoire. De ce fait, il est important de comprendre de quelle façon les territoires aquatiques et particulièrement maritimes sont gouvernés, comment les droits humains sont préservés dans ces territoires. Nos invité·e·s nous accompagneront dans la compréhension de cet univers tant mystérieux que concret.
Nous allons explorer les implications qui émergent de la qualification de « biens communs » des espaces maritimes. De fait, la limitation des eaux et leur intégration dans l’espace nationale offrent des perspectives d’évolution diverses. Cette conférence aura donc pour but de faire dialoguer des professionnels aux champs d’expertise divers afin de dégager une compréhension de limites et des complexités des espaces maritimes en tant que territoires pratiqués parfois de manière similaire aux territoires terrestres. Il sera également nécessaire d’aborder les limites et les problématiques liées à l’application du droit en haute mer face aux imprévus et mises en périls comme la piraterie, le narcotrafic ou encore la pêche illégale et intensive.
Deuxième rencontre « L’eau comme territoire » des Rencontres de la Sorbonne avec en invité·e·s : le juriste et professeur Jean-Pierre Beurier, le professeur Patrick Chaumette et le colonel de la gendarmerie nationale et chercheur Florian Manet !
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Lutter pour l’eau
Cette année, le cycle de débat-conférence des Rencontres de la Sorbonne en partenariat avec Le Carreau du Temple, propose un questionnement sur le thème de l’eau et des enjeux actuels liés à la crise que représente l’accès à cette ressource.
La rencontre
Quelles sont les raisons de lutter pour l’eau ? Qu’est-ce que veut dire lutter ? Quelles sont les différentes échelles de lutte ?
Cette rencontre inaugurale initie un état des lieux des enjeux contemporains liés à la problématique de l’accès à l’eau. Le verbe « lutter » est ici pensé de manière polysémique. En effet, la lutte peut être menée par des actions directes et un investissement militant, mais lutter c’est également mener des actions vitales quand les droits et les conditions de vies humaines et non humaines sont mises en danger. De manière quotidienne, la lutte initie un mouvement de sensibilisation par l’usage, la discussion ou la pratique.
Dans le cadre de la lutte pour l’utilisation et la sauvegarde de l’eau, que signifie alors lutter ? Quelles sont les différents types d’actions qui peuvent être mises en place et dans quels objectifs ?
Cette conférence aura pour but de faire dialoguer les différents enjeux autour de la lutte pour l’eau à travers des points de vue à différentes échelles géographiques afin de faire apparaître la diversité des enjeux politiques, géopolitiques, écologiques et culturels.
Cette rencontre s’organise comme une discussion favorisant le dialogue et les échanges entre les intervenant·e·s à travers leurs différentes échelles de lecture, leurs vécus et connaissances.
Première rencontre « Lutter pour l'eau » des Rencontres de la Sorbonne avec en invité·e·s : Ninon Bardet, coordinatrice du collectif Vers un parlement de Loire, Racha Mousdikoudine, présidente de l’association Mayotte a soif, Adeline et Mathieu, porte-parole du collectif Bassines Non Merci !
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Les Rencontres de la Sorbonne 2023-2024
Cultures d’eau
Cela fait désormais plus d’une décennie que les tensions et les revendications politiques se concentrent autour de l’accès aux ressources et de la protection des espaces naturels. De Notre-Dame-des-Landes, aux mobilisations contre la ligne à grande vitesse en Italie (NO TAV), jusqu’aux derniers épisodes à Sainte-Soline, l’action politique vise désormais la protection des terres et des modes de vie qui sont rattachés aux ressources qu’elle rend disponibles.
À partir de ce constat, il a semblé important pour les étudiant·e·s de master 1 Direction de Projets ou
Établissements Culturels de l’École des Arts de la Sorbonne (Université Paris1 Panthéon-Sorbonne) d’interroger l’expression culturelle de cette mobilisation autour de la protection de la viabilité de la planète et en particulier de l’accès à une ressource rare : l’eau.
Ce cycle de conférences se propose d’explorer les pratiques culturelles ainsi que les modalités qu’a prises cet engagement qui a trouvé à se décliner sous des formes très diverses. Ce sera l’occasion de rencontrer les créatrices et les créateurs qui ont fait de l’eau, de sa protection et de la garantie de son accès, le point de départ de leurs interventions culturelles et artistiques.
Cycle thématique de débats-conférences accueilli pour la huitième saison au Carreau du Temple, Les Rencontres de la Sorbonne proposent cette année d'étudier les pratiques culturelles autour de l'eau.
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Corps outils
Jusqu’où peut-on maltraiter, exploiter, utiliser des corps au profit d’une réalisation artistique, qu’elle soit, ou non, profitable financièrement ?
À travers la mise en œuvre de cette webconférence sur la thématique des corps outils, nous traiterons du corps comme outil de production artistique. La psychologue et psychanalyste Simone Korff-Sausse définit que « le corps humain devient la matière première du geste esthétique, au moyen d’une mise en chantier des explorations corporelles sans limites, sans scrupule, sans souci d’épargner la douleur. La peau à la place de la toile, les liquides du corps à la place de la peinture, le bistouri du chirurgien à la place du pinceau ou du burin du sculpteur ».
Notre intention inspirée de ces mots sera de montrer comment le corps humain dans sa matière organique demeure un produit ou « moyen » efficace à la création artistique. Nous pouvons dès lors penser aux artistes qui mènent des expériences que l’on qualifierait de « troublantes » avec leur corps, prenant par exemple la forme d’implants faciaux, de performances mettant en scène des corps maltraités etc. À ceci s’ajoutera une réflexion autour de la problématique de l’exploitation des corps dans certaines formes d’art comme par exemple des corps utilisés comme marchandise exploitable.
Notre thématique soulève aussi l’enjeu des représentations sexistes où le corps - notamment celui des femmes - est exploité, utilisé pour vendre, notamment dans le monde de la mode où les corps des femmes mannequins sont rendus à l’état d’objet, de cintre, ou encore dans la photographie, le cinéma…
Les Rencontres de la Sorbonne clôturent le cycle dédié aux politiques culturelles des corps avec une dernière webconférence sur les corps outils, avec pour invité·e·s Simone Korff-Sausse, Lucile Boiron et Deborah De Robertis.
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Corps en circulation
Exister dans l’espace public : une liberté partagée ?
Les nombreuses campagnes récentes d’aménagement transitoire des villes ont mis en avant un constat sans appel : tous les corps n’ont pas la même liberté de circulation. Les personnes racisées, sexisées, non-hétéro-normées ou en situation de handicap sont implicitement ou explicitement exclues de l’espace public.
Lors de notre conférence, nous souhaitons interroger la circulation contemporaine des corps et la manifestation de ces inégalités dans les pratiques culturelles. Comment peut-on penser la circulation des différents corps en respectant la liberté, la sécurité et l’intégrité de chacun ? Comment les artistes s’emparent du sujet de la liberté de circulation dans l’espace public ?
Pour répondre à ces questions, nos invitées vont comparer leurs perspectives du sujet, qu’elles soient artistiques, sociologiques ou urbanistiques, autour de la table virtuelle du Carreau du Temple.
Crédit photo : © Lucie Belarbi
Sur la thématique des politiques culturelles des corps, Les Rencontres de la Sorbonne reviennent avec une deuxième webconférence sur les corps en circulation, avec pour invité·e·s Lucie Belarbi, Lucie Chappet et Meltem Yildiz !
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Émergence de nouveaux modèles corporels
L’essor globalisé du numérique, il y a déjà plus de 20 ans, a changé notre rapport à la réalité et de fait notre rapport à l’altérité, à notre corps mais aussi aux corps multiples. Ces changements, qui ne sont plus à prouver aujourd’hui mais qui se vivent, en impliquent toujours d’autres, qu’ils soient virtuels et/ou augmentés ; ainsi, aux nouveaux comportements suggérés par de nouveaux usages, se dessinent de nouveaux rapports esthétiques, philosophiques, politiques et sociaux corrélatifs aux nouveaux modèles de corps. Et cela nous amène à nous questionner toujours plus sur la relation de l’être humain à cet environnement digital, d’abord dans son intimité physique en lieu et temps du virtuel, en fait dans sa chair numérique : dans les nouveaux corps qu’il revêt ou revêtira – pour nous demander plus simplement en un point de convergence : Que penser du numérique comme moyen à un idéal corporel ?
« Le virtuel est ce qui nous aide à faire advenir ce que nous ne sommes pas encore. L'empire du virtuel paraît plus durable, puisqu'il a lié son destin à celui de l’homme. » 1
Le mythe d’Adam et Ève a influencé notre imaginaire collectif pendant des siècles, et particulièrement notre vision de la corporéité. L’humanité qu’incarne cette allégorie est condamné à subsister sur terre, le monde du chaos physique et du pathos.
Plus généralement, c’est avec les premières représentations du corps humain qu’apparaît une opposition fondamentale : entre la matérialité du corps et son idée. Une dichotomie que l’on retrouvera également dans la philosophie grecque, qui par ailleurs nous transmet une autre légende, celle du mythe des androgynes, une condamnation éternelle - analogue à la genèse – qui rejoint la thèse selon laquelle nous courons vers une forme d’idéale perdue dont nous souhaiterions de nouveau revêtir les contours.
De nos jours, cette recherche d’idéal se perpétue par le biais d’un nouveau véhicule à l’expression des corps : le numérique. Parfois loin, très loin du canon ontologique, de nouvelles visions s’imaginent, s’inventent. Parfaire sa condition ou la choisir, quitter sa nature pour s’inventer une nouvelle matrice, c’est s’octroyer le droit d’avoir le choix dans un possible hors norme – à l’image du monde fantastique des personnages tri-dimensionnels de l’artiste Bertrand Dezoteux par exemple.
Dans notre humanité 2.0, Ève peut (re)devenir la Lilith de la tradition juive en s’incarnant en Bayonetta d’Hideki Kamiya et Adam, tel un ange déchu, en Dante dans Devil May Cry 2. Mais c’est bien sûr en toujours plus d’acceptations et de diversifications de morphologies que se déploie un entendement des corps dans le numérique.
De Platon à Hatsune Miku, en passant par Baudelaire et Kylie Jenner, retrouver sa place dans un cosmos et ou abattre son déterminisme matériel, pour nous poser une question, une seule : quid du numérique comme moyen à un idéal corporel ?
C’est dans cette vision que nous souhaiterions discuter de la dynamique de l’émergence de nouveaux modèles de corps, et plus exactement en ces termes : de l’effet des nouveaux réseaux sur les corps ; d’une vision incorporelle de l’identité ; de la relation complexe et non univoque entre le corps virtuel et le corps physique et ce qu’il en résulte comme moyen d’expression ; des nouveaux médiums comme le jeu vidéo où s’épanouissent les corps ; mais où coexiste encore l’ostracisme ; des corps virtuels comme refuge face à l’adversité de l’environnement ou autrement dit de la solastalgie dans le numérique ; le transhumanisme dans le métaverse ; de l’individuation des corps digital jusqu’au libéralisme des corps ; ces sujets sont autant de voies vers une définition d’un nouvelle être au monde : numérique.
1 Citation de Philippe Quéau, directeur de recherche de l’Institut National de l’Audiovisuel.
2 Du même auteur.
Crédit visuel : © Mathieu Beaufils
Dédiée cette année aux politiques culturelles des corps, Les Rencontres de la Sorbonne reviennent avec une première webconférence sur les nouveaux modèles de corps à travers le prisme du numérique.
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Les Rencontres de la Sorbonne 2022-2023
Manifestement ou discrètement, le corps, depuis quelques années, est au centre des politiques publiques, or c’est là la ligne de force du Carreau du Temple. Les Rencontres de la Sorbonne observent ici la puissance de la coercition corporelle, que la pandémie nous a conduit à reconsidérer.
Les pratiques culturelles et politiques, notamment en espace public, indiquent à quel point le corps peut faire effraction dans des territoires policés. Cette tension entre les pratiques corporelles et les orientations qui leur sont imposées prête à réflexion. C’est ce que propose, avec ce nouveau cycle, le Master 1 Direction de projets ou d’établissements culturels de l’Université Paris#1 Panthéon-Sorbonne, en menant une enquête autour des enjeux de ces pratiques culturelles. Il s’agit d’un arrêt sur image, le temps de quelques rencontres, pour conduire une réflexion autour de ces corps indociles.
Qu’elles promeuvent une affirmation de soi ou qu’elles fassent du corps une arme, une forme de contre-pouvoir apte à déjouer les codes et à se murer contre l’exercice de l’ordre, ces pratiques sont ici l’objet d’une dissection dans tout leur panel et sous toutes les coutures.
Cycle thématique de débats-conférences accueilli pour la septième saison au Carreau du Temple, Les Rencontres de la Sorbonne proposent cette année d'étudier les dynamiques du corps dans les politiques publiques.
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