Corps outils
Les Rencontres de la Sorbonne clôturent le cycle dédié aux politiques culturelles des corps avec une dernière webconférence sur les corps outils, avec pour invité·e·s Simone Korff-Sausse, Lucile Boiron et Deborah De Robertis.
Jusqu’où peut-on maltraiter, exploiter, utiliser des corps au profit d’une réalisation artistique, qu’elle soit, ou non, profitable financièrement ?
À travers la mise en œuvre de cette webconférence sur la thématique des corps outils, nous traiterons du corps comme outil de production artistique. La psychologue et psychanalyste Simone Korff-Sausse définit que « le corps humain devient la matière première du geste esthétique, au moyen d’une mise en chantier des explorations corporelles sans limites, sans scrupule, sans souci d’épargner la douleur. La peau à la place de la toile, les liquides du corps à la place de la peinture, le bistouri du chirurgien à la place du pinceau ou du burin du sculpteur ».
Notre intention inspirée de ces mots sera de montrer comment le corps humain dans sa matière organique demeure un produit ou « moyen » efficace à la création artistique. Nous pouvons dès lors penser aux artistes qui mènent des expériences que l’on qualifierait de « troublantes » avec leur corps, prenant par exemple la forme d’implants faciaux, de performances mettant en scène des corps maltraités etc. À ceci s’ajoutera une réflexion autour de la problématique de l’exploitation des corps dans certaines formes d’art comme par exemple des corps utilisés comme marchandise exploitable.
Notre thématique soulève aussi l’enjeu des représentations sexistes où le corps - notamment celui des femmes - est exploité, utilisé pour vendre, notamment dans le monde de la mode où les corps des femmes mannequins sont rendus à l’état d’objet, de cintre, ou encore dans la photographie, le cinéma…
Avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Un cycle de webconférences avec le Master 1 Direction de projet ou d’établissement culturel de l’École des Arts de la Sorbonne
Simone Korff-Sausse
Simone Korff-Sausse est docteur en psychopathologie, psychanalyse et maître de conférence à l’université Denis Diderot Paris 7. Une partie de ses recherches est centrée sur l’art contemporain et l’art brut. Elle a publié un article de revue intitulé Le corps extrême dans l’art contemporain paru dans Champs Psychosomatique. L’autrice propose une analyse de la représentation du corps utilisé à « l’extrême » dans la pratique artistique : « altérations, déformations, souffrance, bref, des corps soumis par les artistes à des traitements extrêmes ».
Lucile Boiron
Les photographies et installations de Lucile Boiron relatent des états corporels occultés. Avec des couleurs vives et un usage cinématographique, presque tactile de la lumière, elle confronte le public à l’intimité douloureuse des processus de dégradation du vivant. L’artiste capture ses images lorsque l’espace entre la photographe et le sujet — un corps de femme, un fruit en décomposition — est le moins perceptible. Elle isole et enlève des micro-moments avec une précision chirurgicale, puis les greffe à la réalité pour provoquer une nouvelle approche de la naissance, la décomposition, la vie et la mort. La peau s'affranchit de ses fonctions traditionnelles (contenir, protéger, délimiter) pour muter en un lieu de passage et de transfigurations multiples.
Deborah De Robertis
Déborah De Robertis est une artiste visuelle, vidéaste et performeuse qui a étudié à l’école de Recherche graphique de Bruxelles. Ses performances s’inscrivent dans l’histoire visuelle de l’art féministe, formulant un discours sur ce qu’elle nomme « l’œil du sexe » à partir de la matérialité du corps identifié comme féminin. En offrant un regard incarné au modèle du tableau de Courbet « L'Origine du monde » lors de sa performance en 2014, elle pointe la dysmétrie patriarcale qui oppose historiquement le modèle (identifié féminin) et l'artiste (identifié masculin). Chez l’artiste, la nudité est considérée comme l’interprétation esthétique/politique d’une œuvre artistique. Sa démarche consiste à donner une nouvelle interprétation aux œuvres des « grands maîtres » produisant une image incarnée. Elle utilise son corps comme médium pour proposer une autre lecture des œuvres l’histoire de l’art.
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