La Poudre au Carreau : Parole aux savant.e.s

► LE CYCLE

En 2016, Lauren Bastide, journaliste militante en faveur de l’égalité femmes-hommes, notamment dans les médias, créait le podcast La Poudre au sein du studio Nouvelles Écoutes, dans lequel elle dialogue avec des artistes et activistes. Cette cinquième saison ouvre un nouveau cycle, en se transformant en rencontres ouvertes au public avec des chercheur·e·s en études de genres, en live au Carreau du Temple.

Au sein du podcast La Poudre, Lauren Bastide nous a habituées à accueillir dans une chambre d’hôtel une personnalité féminine inspirante, qu’elle soit artiste, activiste, politicienne, pour entretenir avec elle une conversation à la fois intime et profondément respectueuse. À l’écoute des approches les plus fines et audacieuses sur tous les enjeux de nos sociétés : féminisme, économie, entrepreneuriat, sport, pop-culture, philosophie, transmission, sexualité, etc, cette année, la journaliste prolonge le partage des débats (Présent·e·s*) menés en 2018-2019 au Carreau du Temple en enregistrant des épisodes de La Poudre en direct et en public dans la salle de spectacle.

Sur scène, chercheur·e·s, sociologues, historien·ne·s ou économistes féministes répondent à ses questions et nous offrent leurs regards aiguisé·e·s sur la société pour nous aider à mieux déceler, et donc à déjouer, les systèmes d’oppression.

Un bol d’oxygène, un rayon de générosité, un sillon d’intelligence.

Sur scène et au micro de Lauren Bastide (podcast La Poudre), des chercheur·e·s, sociologues, historien·ne·s, économistes - qui pensent les rapports de genre, de race, de classe et de sexualité - nous aideront à mieux comprendre les systèmes d’oppression et surtout à mieux les combattre.

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Gustavia

Parmi les chutes, luttes, cris et chuchotements, s’ouvre l’effroyable abîme d’une réverbération vertigineuse des contraintes imposées à la représentation du féminin. Le Carreau du Temple, selon sa volonté de présenter à Paris des pièces majeures, se fait un plaisir d’accueillir cet opus, enrichi de dix années de tournée internationale.

Mouvements entravés par des objets incongrus, paroles superposées, danses électriques, vrais-faux strip-teases sur fauteuils de bureau, collisions, renversements, coups, esquives, détournement des accessoires académiques du théâtre : si l’on reconnaît bien ici certains ressorts et appareils du burlesque, un parfum de Tati, Sellers, Keaton, Chaplin ou encore de Moretti, Blume et Nauman, il s’agit là d’un burlesque purement formel, un comique physique, parfois violent, convoqué pour que jamais la cohérence ne puisse s’installer.

Avec la fraîcheur d’une jubilation à jouer ensemble proprement contagieuse et la maturité de leur inébranlable exigence, les deux figures de proue de la danse nous emmènent au coeur du dédoublement de personnalité de Gustavia, qui régit les modulations des relations entre les deux protagonistes, tour à tour duo, jumelles, doubles ou divas en compétition. Ce coeur est un non-lieu lugubre et fou, dangereux, dont surgit une critique féministe aiguë des impératifs dictés aux femmes pour « jouer » leur genre de façon satisfaisante – dans la vie quotidienne comme dans la création -, avec un bouquet de requêtes incessantes, normatives, souvent grotesques, parfois contradictoires, voire tout simplement impossibles à réaliser.

Une occasion rare de découvrir deux monuments de la danse contemporaine sur un même plateau.

La Ribot recevra le Golden Lion for Lifetime Achievement à la Biennale de Venise en octobre prochain.

Comptant parmi les personnalités les plus charismatiques de la scène chorégraphique contemporaine, La Ribot et Mathilde Monnier, jouant de la ressemblance de leurs silhouettes longilignes et sportives, composent un duo aussi pétillant qu’abrasif.

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D’où vient ce désir…*

*Titre complet du spectacle : D'où vient ce désir, partagé par tant d'hommes, qui les pousse à aller voir ce qu'il y a au fond d'un trou ?

Féru de faits divers et de romans policiers, Thibaud Croisy se glisse dans la peau d’un enquêteur pour nous embarquer dans une fiction qui entremêle une conférence de criminologie et une étrange histoire d'amour.

Dans un paysage scénique imaginé par Sallahdyn Khatir, évoquant à la fois un espace naturel et une zone mystérieuse de notre inconscient, Thibaud Croisy endosse le rôle d’un criminologue et nous livre un cours douteux dans lequel il décode les mécanismes du passage à l’acte.

Parallèlement, le récit d’une histoire d’amour ambiguë avec une jeune médecin légiste passionnée de thanatopraxie l'interroge : mais où sont donc les vrais morts après avoir été passés à la moulinette des grilles d’analyse des experts ?

Dans les dédales de cette romance surréaliste entre deux êtres que rapproche leur fascination pour les cadavres, Thibaud Croisy poursuit sa tentative de redonner corps à une parole charnelle.

À mi-chemin entre le conte macabre et les histoires extraordinaires à la Pierre Bellemare, cette nouvelle pièce du puzzle de Thibaud Croisy prolonge ses questionnements sur le corps humain.

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Toute l’eau et rien que des gouttes

Passionné par la poésie et les mythes anciens, Harris Gkekas entreprend ici une fabrique de sa propre mythologie et d’un lexique chorégraphique proche du langage Pythique. Aux confins du rêve comme du cauchemar, oscillant entre quiétude et inconfort, sa pièce atteint quelque chose de substantiel, qui touche à l’essence de la danse, voire de la vie, en évoquant avec subtilité la croisée de nos chemins, la liberté, la solitude, la fragilité de nos entreprises et l’état de veille extrême que nous apprennent les mythes.

Fort d’un parcours d’interprète impressionnant de collaborations avec de grandes signatures – William Forsythe, Jiří Kylián, Merce Cunningham, Trisha Brown, Saburo Teshigawara... –, le chorégraphe invente ici une danse qui fait de chaque geste un mot, une image, un fragment qui murmure. Plus qu’une trame, c’est une toile énigmatique qui se déplie, un espace tonique et fécond où l’imaginaire circule librement.

Dans un dispositif scénographique minimal, la gestuelle reste tout aussi simple. La virtuosité ne se situe pas à l’endroit de la performance, mais dans l’intelligence de l’agencement et de la décomposition de ces mots-gestes. Reposant sur un parti pris stylistique très fort : un langage qui n’indique pas mais fait signe, ce travail évoque l’acte poétique lui-même, quand faire poème semble plus que jamais nécessaire face à une modernité frénétique, un lieu encore possible d’une insurrection contre le temps. Tel un opus testamentaire, il ouvre la possibilité d’un apaisement.

Trois danseurs aux parcours éclectiques s’imprègnent de poèmes de plumes virtuoses pour créer une « pièce-monde » qui met dos à dos simplicité et immédiateté, en quête de la splendeur endormie dans le ventre de nos actes. Une expérience mystérieuse, un rêve éveillé.

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Paris en toutes lettres

Bienvenue à une session Sonorium ! Installez-vous confortablement, venez à la rencontre d'un artiste et (re)découvrez son album en entier, grâce à des enceintes Hi-Fi au son exceptionnel.

Entre 1665 et 1674, La Fontaine a publié des contes bien loin des fables qu'on apprend à l'école... Beaucoup de ces textes ont été censurés car considérés comme des critiques de la monarchie absolue de Louis XIV. Fred Pallem, musicien de jazz, de rock, arrangeur, habitué du cinéma comme des Victoires de la Musique ou du Crazy Horse, a décidé de rendre hommage à 14 de ces textes.

En est sorti un album entier de lectures en musiques, sur lesquelles nous retrouvons entre autres les voix de Sandra N’kaké, Nicole Ferroni, Marcel Kanche, Rebecca Manzoni ou de et Thomas de Pourquery, baignées dans des arrangements où les rythmiques ciselées sont entourées d'un orchestre à cordes servant d'écrin au verbe.

Une interprétation singulière des oeuvres cachées du poète français.

LE DÉROULÉ

► Interview de Fred Pallem par Matthieu Conquet
► Écoute de l'album en son haute fidélité, sur des enceintes Focal Sopra n°3
► Discussion ouverte entre le public et l'artiste

Dans le cadre du Festival Paris en Toutes Lettres, La Maison de la Poésie, le Carreau du Temple et Sonorium invitent Fred Pallem pour une rencontre et écoute de son nouvel album "Fred Pallem et Le Sacre du Tympan racontent les Fables de La Fontaine".

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Yin

Inspiré du tai chi, de la danse derviche, de l’hypnose et du jonglage contemporain, le duo masculin happe le public dans une étrange expérience oscillant entre deux états extrêmes, transe et maîtrise de soi. Un moment de poésie dansée-jonglée ensorcelant.

Toupies hallucinantes, deux corps tournoient à vive allure, dans une ivresse corporelle qui cherche les limites du jonglage. Dans leur danse au rythme crescendo, atteignant une cadence impressionnante, chacun des deux interprètes porte une balle blanche, laquelle se déplace ou s’immobilise selon leur axe de rotation, par la force centrifuge. Les corps tournent sur eux-mêmes jusqu’au vertige.

Telle une méditation active, une métaphore vivante du mouvement des planètes en orbite autour du soleil, leur danse et leur jonglage se situent dans une approche dynamique de la vie qui distingue des éléments asymétriques mais égaux pour mieux les réunir.

Belle, épurée, émouvante, cette relation entre les deux danseurs, reposant à la fois sur leurs spécificités et sur leur complémentarité, nous rappelle que deux forces qui paraissent antinomiques, y compris les énergies humaines, se soutiennent l’une l’autre dans la puissance de la synergie.

Dans ce duo de danse derviche et de jonglage, le public partage l’expérience de la rotation depuis son fauteuil

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Les promesses de l’incertitude

Modalités de remboursement : Suite aux mesures gouvernementales et à l'annulation du spectacle, vous pouvez procéder à une demande de remboursement. Merci de contacter la billetterie : billetterie@carreaudutemple.org

Dans une large palette de beiges composée de cartons, de cordes, de bois et de poids déambule la silhouette aussi fébrile qu’agile de Marc Oosterhoff. Entre danse et cirque, sa performance semble déjouer les lois de l’apesanteur, nous défiant de comprendre tout ce monde en suspens.

Explorateur naïf d’un écosystème aux règles étranges, un personnage désarticulé y cherche son chemin et son équilibre, se promenant parmi d’improbables bascules, auxquelles répondent des nappes sonores cosmiques, cinématographiques ou industrielles créées au plateau par le musicien Raphaël Raccuia.

Doué d’une poétique corporelle et d’un sens du burlesque, le performer se frotte aux ressorts premiers du cirque, fondés sur les « promesses » tacites des interprètes : un lanceur de couteaux se doit d’atteindre sa cible, un dompteur de fauve, de ne pas se faire dévorer, un funambule, de rester sur son fil. Les Promesses de l’incertitude explore l’essence même de l’attention que porte le public à cette lutte entre deux forces sur scène, en pariant que la tension précédant l’action est plus intéressante que l’action elle-même, en ce qu’elle contient toutes ses potentialités et laisse le spectateur libre de les imaginer. À rebours de ces promesses, la danse, qu’elle soit expressive ou stylistique, incarne l’instant présent, la liberté, ne donne rien d’autre à attendre que l’inattendu. Le duo compose ici une forme rare d’art vivant mixte autour de la préciosité de l’incertitude.

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Soirée des Chorégraphes #6 2021

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Eighteen

Il a sans doute fallu du courage à Thierry Micouin et à sa fille de 20 ans pour se livrer sur le plateau au récit de leur relation entre père danseur-chorégraphe et fillette puis adolescente. Et il faut indiscutablement bien du talent pour le faire avec autant d’humour, de tendresse, de panache, et accéder ainsi à cette brise de vérité, si revigorante !

Dans une intrication de médias : danse, texte, vidéos, théâtre, et même un croustillant jeu des sept familles revisité, le père et sa fille, avec l’énergie de leur amour filial, dévoilent l’intimité d’un parcours qu’ils ont à la fois vécu ensemble et différemment. Assumant le ton de la confidence, la fraîcheur d’une « première fois où l’on se dit tout », le duo nous raconte, par le geste dansé et par la voix, ses questionnements passés, contigus ou respectifs, ses découvertes, ses moments-clés. La première audition, la triche sur l’âge dans un C.V., la Cour d’Honneur au Festival d’Avignon, les lettres de spectatrices, les non-dits sur l’homosexualité du père... tandis que la fille savait. Très loin de l’autofiction adressée aux publics dits « avertis », Thierry Micouin, en invitant sa fille à donner en partage son regard innocent d’enfant, fait ici un joli pied de nez au préjugé dévolu à l’ego des artistes, et, dans les entrelacs de sa propre trajectoire, dresse en toute modestie un petit panorama de l’histoire de la danse contemporaine.

Drôle, pétillant, touchant, emmené d’un peps étourdissant, ce spectacle se double d’un témoignage, celui de l’attachement à l’art et à la vie, et à ce qu’ils ont en commun : la mémoire et la transmission.

« Eighteen » évoque la relation père-fille à travers le vécu de Thierry Micouin et celui de sa fille Ilana, tous deux danseurs et réunis sur scène pour un subtil duo.

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Concrerto

Aina Alegre et David Wampach expérimentent des formes scéniques qui se démarquent par leur expressivité physique autant que par leur inventivité plastique. S’ils se connaissent depuis dix ans et ont déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises, CONCRERTO est la première pièce qu’ils conçoivent en binôme. « Mettre en commun, s’associer, critiquer, assumer nos points de convergence et de divergence » : tels sont les partis pris sur lesquels se fonde leur relation créatrice. Mue en profondeur par la dynamique excessive propre au style baroque, la pièce CONCRERTO prend la forme, continûment imprévisible, d’une pièce hors normes qui mobilise – à importance égale – le son, la voix et le corps en tendant tout du long vers un état d’abandon explosif et jubilatoire. Coexistant au sein d’un espace commun, ouvert au possible, quatre interprètes masculins déploient une profusion de mouvements et de sons affranchis de tout lien de subordination. Alliage de morceaux et de situations disparates « qui proclament l’exagération, l’emphase et le contraste », CONCRERTO ne peut se ranger dans aucune catégorie bien définie. Traversée de multiples flux énergétiques et vouée intrinsèquement au débordement, la pièce fait jaillir de saisissants états physiques et de puissants éclats sonores.

- Texte de Jérôme Provencal

Première pièce construite en binôme, CONCRERTO est métamorphose, exagération et exubérance des formes, abandon festif, explosif et jubilatoire.

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