Manifesto Transpofágico
« Mon corps était là avant moi, alors que je n’avais rien demandé. Il est plus âgé que moi », dit Renata Carvalho qui annonce : « Aujourd’hui, j’ai décidé de me vêtir de ma propre peau. » Ce qui n’est pas anodin, puisque son corps, quasiment dénudé, est le sujet du spectacle et celui de sa vie entière.
Renata Carvalho est transsexuelle, né(e) au Brésil. Devenue comédienne, performeuse, dramaturge et metteuse en scène, elle pointe du doigt l’exclusion historique, l’hyper-sexualisation et la folklorisation du corps des personnes trans, elle raconte aussi avec pédagogie et émotion l’histoire des luttes trans.
Autoproclamée transpologue, une branche de l’anthropologie qu’elle a elle-même créée, elle dissèque la construction sociale et les représentations, tantôt fantasmées, tantôt pathologiques des femmes trans. D’où la rêverie de la transpophagie, l’idée de manger et de digérer ce corps, d’appeler à le regarder, sous des néons scandant obsessionnellement l’espace d’un mot : « Travesti ».
L’artiste invite à regarder ce corps trans comme une expérience, un laboratoire, un manifeste.
Un seule-en-scène coup de poing de Renata Carvalho pour célébrer le corps trans comme une expérience, un laboratoire, un manifeste.
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Forme(s) de vie
Quels gestes conserveriez-vous, si le mouvement devenait pour vous un enjeu ? Cette nécessité du geste réunit trois danseur·se·s et deux interprètes en perte de mobilité. Le chorégraphe déplace la notion contemporaine de "corps augmenté" dans un spectacle croisant performance et cinéma.
Atteints de maladies chroniques, une ancienne danseuse et un ex-boxeur professionnel·le·s réinventent et redécouvrent l’intensité d’être pleinement mobiles, aidés par les danseur·se·s qui interviennent telles des prothèses humaines, sensibles, et relationnelles, palliant aux insuffisances motrices. Les corps dits empêchés et corps dits virtuoses s’augmentent et s’influencent les uns les autres.
"Avec Kamal, ancien boxeur, par exemple, qui a perdu l’usage de ses jambes à la suite d’un AVC, nous avons mené différents ateliers autour du contact, de la danse d’aura, des fils invisibles, en particulier entre les mains, et, à un moment, je me suis collé à lui, derrière son dos, et d’un seul coup, il s’est mis à faire des gestes, des jams, d’une précision et d’une puissance impressionnantes. À la fin de cette séquence, il nous a dit : « Ça faisait trente ans que je n’avais pas fait de la boxe ». À cet instant s’est découvert cet enjeu de donner à voir un corps qui retrouve sa propre danse, ce ressenti unique d’une personne qui retrouve ses gestes." Extrait de l'entretien accordé par Éric Minh Cuong Castaing à Mélanie Drouère pour Maculture.fr - lire la suite de l'entretien ici
En écho à la danse, un film nous plonge dans l’expérience, partagée avec les résidents en hôpital de jour du Centre de soins palliatifs près de Marseille. C’est un espace d’intimité et de composition collective pour donner vie à un sentiment oublié : celui d’être libre, à l’heure où la question du handicap demeure aux marges de nos sociétés technoscientifiques et compétitives.
Une performance sensible d'Éric Minh Cuong Castaing qui réunit corps empêchés et corps virtuoses dans un acte de réappropriation.
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Happy Hype
« Revenir à cette essence du mouvement. Sortir du cadre institutionnel. Assumer ce rôle d'amuser la galerie. »
Avec Happy Hype, le collectif OUINCH OUINCH x Mulah invite le public à plonger dans une transe carnavalesque. Entourés du public, les corps se croisent, se frôlent et s'agrippent sur le dancefloor.
La pièce est inspirée du principe du Hype Call, une pratique issue du Krump, danse apparue dans les années 90 dans les banlieues de Los Angeles. Sur fond de musique issues des cultures afro et Hip-Hop, portée par l'électrisante Mulah, ce spectacle n'est rien d'autre qu'une grande fête jubilatoire. Comme un appel au débordement d’énergie, le·la danseur·se qui entre dans le cercle de danse invite celles et ceux qui l'entourent à contribuer à l'apparition d'une transe collective. Sous les encouragements de ses pairs et du public apparaît alors une danse puissante et ultra expressive. Une danse habitée.
L'univers décalé fashiono-clubmedo-moyenâgeux des OUINCH OUINCH, fait de jupes noires en dentelles et de lunettes de soleil, mêle ici des danses traditionnelles réinventées aux danses de clubbing dites actuelles.
Le public est invité à une expérience unique : le temps d’un instant, être hors de soi et plonger dans une euphorie collective.
SOIRÉE D'OUVERTURE : À l'issue de la représentation du vendredi soir, un DJ set (de 22h30 à 00h30) sera assuré par le collectif OUINCH OUINCH x Mulah pour enflammer le dancefloor ! Entrée libre
Une grande fête jubilatoire du collectif Ouinch Ouinch X Mulah, qui invite à être hors de soi dans l'euphorie collective !
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Onironauta
Ils sont sept, comme les jours de la création. Sept danseurs ou incarnations physiques d’un onirisme sous contrôle. Sept corps sortis des limbes amères d’un sommeil éveillé, dirigé et conditionné.
Chorégraphe et musicienne, Tânia Carvalho déploie un rêve éveillé avec Onironauta. Grâce à cette pièce dans laquelle se confrontent les corps et les claviers, Tânia Carvalho donne vie à un monde peuplé de créatures étranges et crée un univers comme cauchemardesque, accompagné de fantômes de la nuit.
Onironauta est le nom de cette pièce. Un nom emprunté aux voyageurs capables de contrôler leurs rêves, de façonner, pour eux seuls, un monde d’images et de sens.
À travers un imaginaire de ténèbres, l’artiste explore l’univers des rêves avec autant de folie que d’étrangeté. Comme des peintures mouvantes, oscillant du macabre au carnavalesque, entre la maîtrise et le lâcher prise, les interprètes somnambules arborent un visage peinturluré et une démarche heurtée. Appuyé par un duo au piano, maîtres de cérémonies formé par Andriucha, barbu travesti, et la chorégraphe elle-même, ils confrontent Chopin aux propres compositions de Tânia Carvalho.
Une mélopée fantasmagorique et chaotique de Tânia Carvalho dans un voyage au pays des rêves !
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Nos corps vivants
Un solo intime, une ode à l’émotion et à l'humanité exaltée.
« C’est un corps en relation avec l’autre, allant d’incarnation en incarnation que je créée. Je traite mon corps comme de la pâte à modeler qui évolue sans cesse. »
Qu’est-ce qui nous définit en tant qu'humain ? Qu’est-ce qui nous relie l’un à l’autre ? Quel est le rôle de l’autre dans notre construction ?
La question de la construction identitaire est cruciale dans Nos corps vivants. L’homme est peuplé d’identités, d’émotions et de caractères différents. Pensée comme une célébration de cette multiplicité et complexité, Nos corps vivants de l’artiste Arthur Perole est un solo, privilégiant la relation avec son intime et le public. Accompagné du DJ Marcos Vivaldi, la musique de l'italo-disco à la New Beat en passant par Steve Reich teinte le regard d’autrui sur la danse pour l’illustrer ou changer son sens.
Dans cette intimité, le corps est en mouvance perpétuelle, et saute d’incarnation en incarnation. Le corps se malaxe, se métamorphose en s’inspirant d’images communes issues de peintures, de films, ou encore de la culture Drag.
En débardeur à paillettes, l’abstraction du geste liée au lyrisme et à l’humour du performeur vibre intensément et donne au corps de la chair et de la sensualité pour laisser jaillir l’essence de l’humanité : les émotions.
Un solo d'Arthur Perole qui met à nu l'intimité qui nous anime secrètement, qui fait de nous des êtres humains vivants.
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La jeune femme à la licorne
Le point de départ dans l’écriture de « La jeune femme à la licorne » était la figure de Laura, la jeune fille de « La ménagerie de verre » de Tennessee Williams. Figure ambivalente de fragilité et de désir. La jeune fille comme centre des espoirs et des regrets de chaque membre de la famille. L’ensemble de la pièce se déroule sous le regard lucide jusqu’au cynisme, bienveillant et désespéré de Thomas, le frère. Il est le récitant, à la fois sur le plateau, dans l’action, et autorisé à en sortir pour partager ses impressions à tout moment.
La mère a choisi de croire dans la mascarade que la vie lui propose et tente avec ardeur de convaincre tout le monde d’y prendre part. Le frère de la jeune femme à la licorne n’a pas de licorne mais écrit de la poésie, qu’il roule en boule au fond des poches en attendant le retour du père. La vie se passe sous ses yeux, et il ne peut/veut y prendre part. La ménagerie de verre ce sont les membres de sa famille à travers lesquels il lit à livre ouvert.
En collaboration avec Marion Coutarel, metteuse en scène et comédienne au Théâtre de la Remise, et en partenariat avec des équipes artistiques régionales, La Bulle Bleue développe un théâtre de formation et de recherche où la présence de l’acteur est centrale.
Créée en février 2012, La Bulle Bleue est une compagnie de théâtre et un lieu de fabrique artistique et culturel, structurés en ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail). La Bulle Bleue est animée par des personnes en situation de handicap accompagnées par des professionnels du travail social et de la culture.
La Bulle Bleue diffuse trois spectacles, Faux-plafond (ciel variable), créé en décembre 2013 et La jeune femme à la licorne, coproduit par le Domaine d’O à Montpellier, créé en janvier 2014. Coeur d’encre est la dernière création de La Bulle Bleue.
Photo : Marie Clauzade
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[Je te souviens] est une plongée dans nos mémoires qui pioche parmi les 270 Souviens-moi d’Yves Pagès (Éditions de l’Olivier, 2014) et les quelques 1500 I Remember de Joe Brainard (écrits entre 1970 et 1975, publié chez Actes Sud en 2002, réédition en 2015). Yves Pagès salue Georges Perec, qui s’est lui-même inspiré du leimotiv de Brainard lorsqu’il écrit ses Je me souviens. Une somme de fragments à l’humour poétique, deux œuvres qui se font écho, et dessinent en creux, entre intimité et représentation collective, un paysage réjouissant de notre époque contemporaine.
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ZOO se situe dans une zone inconnue, entre le bestiaire et la recherche éthologiste. C'est un bestiaire au sens médiéval, de recueil de fables et de moralités mettant en scène des bêtes réelles et imaginaires ; c'est une étude d’éthologie en ce qu'elle s’intéresse aux comportements des animaux, sans exclure l’humain. Dans ces entrelacs se dessine délicatement une réflexion sur le langage, de ses vertus émancipatrices à sa potentielle récupération totalitaire.
Dans ZOO, les artistes concentrent leur attention sur la question de l’apprentissage de la parole comme levier d’émancipation individuelle et sociétale. Toutes les bêtes de La Ferme des animaux transcendent leur condition en apprenant à lire et à écrire, se promettant ainsi collectivement un avenir radieux.
Le vocabulaire, la syntaxe, la grammaire et les moyens de transcription apparaissent comme les outils fondamentaux de la libération. Toutefois, s’ils en sont les conditions sine qua non, ils n’en constituent pas pour autant la garantie. Un outil peut connaître divers emplois et servir à d’autres fins que celles initialement prévues par ses concepteurs.
Portée par la création musicale d'Alva Noto, frôlant le fantastique grâce aux costumes signés Coco Petitpierre, la pièce rassemble l’humain dans l’unité de son langage corporel et intellectuel, depuis l’harmonie du geste et de la lettre, du mouvement et de l’écriture, jusqu’à leur dissociation tragique dans une danse et un texte cohérent, et pourtant porteurs d’un sens inhumain.
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À MON SEUL DÉSIR - GAËLLE BOURGES / ASSOCIATION OS
La Dame à la licorne, célèbre tapisserie, en six panneaux, accrochée au Musée de Cluny, dépeint une jeune femme accompagnée de près par une licorne, dans un jardin foisonnant de fleurs et d’animaux. Allégorie des cinq sens, et d’un sixième, bien mystérieux... Tout est possible dans les entrelacs d'interprétations. Il y a indéniablement une clé de voûte dans cet étrange dernier tableau. Certains la cherchent en allant le voir et le revoir.
Sous les masques figurant ces animaux, quatre danseuses tissent et détissent, délient, écartent, et recomposent la fresque, traquant cette clé à pas de danse, cette « image dans le tapis ». L'exactitude du geste et la démultiplication des mouvements ouvrent tous les horizons d'une réflexion sur les représentations de la virginité, questionnant ici la licorne - être paradoxal, ne se laissant approcher que par de jeunes vierges, tout en exhibant sa corne, sujet à controverse, indice d'une sauvagerie latente - ; là, la présence d’une trentaine de lapins. Alentour, les déambulations énigmatiques d'un chien, d'un renard ou d'un singe ravivent également des valeurs moins pieuses qu'elles n'y paraissent. Ainsi rugit le volcan de symboles animaliers du Moyen Âge, au soufre acide et à la lave poétique.
Continuité d'un travail à la croisée, depuis son premier opus Homothétie 949, entre connivences picturales et interrogations sur les nus dans l’art occidental, A mon seul désir est d'une splendeur dansée qui mérite, après son éclair au Festival d'Avignon 2015, d'être redonné à voir à Paris.
En coréalisation avec JUNE EVENTS, le festival de l'Atelier de Paris / Centre de développement chorégraphique national
Le Carreau du Temple et l'Atelier de Paris / CDCN recherchent pour ce spectacle une trentaine de volontaires pour participer au bestiaire de la tapisserie du XVème siècle La Dame à la licorne dont s’inspire sa pièce chorégraphique,
A mon seul désir.
Participation au final animalier de la pièce, qui dure quinze minutes.
Aucune expérience de danse ou de scène requise. Réservé aux personnes de plus de 18 ans.
Informations et inscriptions : mediation@carreaudutemple.org / 01 83 81 93 30
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Ce n'est pas un hasard si les mêmes interprètes se retrouvent souvent dans le répertoire de Martine Pisani, puisqu’elle fait de la vie sur le plateau le matériau premier de ses pièces. En pleine lumière, ce sont toujours des personnes aux présences simples, sans écran, qui jouent des distances entre elles, en un jeu au sens aussi mécanique que ludique. Au fil de ses réalisations, la chorégraphe a inventé un monde, un théâtre dansé sans artifice, où tout est à vue, drainant un goût du "presque rien" et un amour fou de la dérision, travaillant les pleins et les vides, les apparitions et disparitions, et s’adressant au spectateur d’égal à égal.
Il y avait donc matière à penser que cette création charpentée de morceaux choisis de ses anciennes pièces donnerait le meilleur de son univers, de son humour à rebours de l'académisme. Il était même fondé d'attendre de l'inattendu. Mais il était difficile d'imaginer qu'une forme si prospective pourrait fleurir de motifs rétrospectifs, bien loin du best of ou du pot pourri. D'abord s'installe une bizarrerie dans un chaos truffé de gestes sans moteur et de chutes sans cause, une extrême promiscuité des danseurs dont les mouvements ne se répondent pourtant pas, décalages hilarants. Alors que la bande-son nous offre une ritournelle enjouée et insipide, du type jeu télévisuel des année 90, ce sont nos solitudes juxtaposées que miroitent les danseurs, simples touches de couleurs accolées sur le plateau. Puis le bug d'un corps qui n'arrive plus à se déplacer, les courses folles, d'incongrues postures penchées, le déplacement irraisonné d'une paire de baskets ou d'un balai comme seuls accessoires, cette (fausse) anarchie, cette dégénérescence au sens propre, lèvent le voile sur la non-maîtrise de ce que nous voudrions contrôler, notamment nos corps. Un spectacle sensible, intelligent et drôle.
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