Présent·e·s avec Lauren Bastide n°1

Il était d’une importance capitale que cette conférence inaugurale du cycle « Présent·e·s » - qui vise à donner la parole à des femmes chercheuses et militantes questionnant la place des femmes dans l’espace public - s’articule autour de la question du handicap.

Car s’il s’agit d’analyser et de dénoncer les inégalités qui entravent l’accès des femmes à l’espace public, c’est assurément en portant haut et fort les voix des plus stigmatisées qu’il faut débuter. L’accessibilité, qu’elle soit réelle ou symbolique, aux lieux qui constituent l’espace public, est au coeur du combat des personnes handicapées pour une véritable égalité des droits.

C’est le combat que porte Elisa Rojas, avocate au Barreau de Paris depuis 2007, militante et co-fondatrice du C.L.H.E.E (Collectif Lutte et Handicaps pour l’Egalité et l’Emancipation). Aux côtés de Lauren Bastide, elle explorera les leviers de cette lutte, afin de dresser, dans un premier temps, un état des lieux, puis de dessiner, dans un second temps, un nouveau possible, inclusif et juste.

Une conférence accessible aux personnes à mobilité réduite et traduite en L.S.F. 

Invitée du jeudi 11 octobre : Elisa Rojas
Invitée du jeudi 22 novembre : Rokhaya Diallo 
Invitée du jeudi 20 décembre : Alice Coffin
Invitée du jeudi 17 janvier : Caroline de Haas
Invitées du jeudi 14 février : Chris Blache et Pascale Lapalud
Invitée du vendredi 8 mars : Hanane Karimi
Invitée du jeudi 11 avril : Anaïs Bourdet 

Pour la saison 2017/2018, en conviant le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie à renouveler les modalités d'un "débat", le Carreau du Temple initiait un atypique cycle de rencontres. L'idée est simple : chaque rendez-vous propose d'assister à une conversation entre une personnalité active dans le monde contemporain et des invités de son choix. En 2018/2019, c'est Lauren Bastide qui anime huit séances de réflexion autour d'un thème précis : la place des femmes dans l’espace public.

Lauren Bastide, diplômée en sciences politiques et en journalisme, ayant plusieurs cordes à son actif : presse écrite, presse audiovisuelle, fondation du studio de production de podcasts Nouvelles Écoutes, est l’animatrice de La Poudre (téléchargée plus d’un million de fois dès sa première année d’existence !). Pensée tel un antidote à la sous-représentation des femmes dans les médias, La Poudre offre une longue conversation intime et subtile avec des femmes activistes ou artistes, qui prend le temps de déconstruire des préjugés notamment liés au genre. Également animatrice de l’émission Les Savantes (sur France Inter en période estivale), laquelle interroge des chercheuses, issues de tous les champs universitaires, sur leur parcours et la façon dont la science peut changer la société, elle est une pionnière de l’articulation entre féminisme et journalisme. 

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Festival FRAGMENT(S) #6

Par étapes de travail dans des lieux engagés auprès de la jeune création, FRAGMENT(S) donne en partage ce moment précieux et déterminant où le spectacle inachevé, encore en friche et en questionnement, a besoin d'une oreille. Il offre ainsi une rencontre exclusive entre des publics qui ont la chance de découvrir un processus de création, pris à témoins et libres d'en parler, et des artistes qui ont l'occasion de mettre à l'épreuve, avant l'heure, leurs intentions devant une réelle audience, et d'écouter ce qui se dit par la suite au bord du plateau.

ENTERRE-MOI MON AMOUR, Clea Petrolesi

« Je t’aime, donc je veux mourir avant toi. » Ce serait là une autre façon de traduire en français l'expression arabe « Enterre-Moi Mon Amour ».

En décembre 2015, Lucie Soullier publiait, dans le journal Le Monde, un article intitulé « Le voyage d’une migrante syrienne à travers son fil WhatsApp ». Clea Petrolesi s'inspire de ce récit documentaire et des 250 captures d’écran que la jeune Dana, alors en route vers l’Allemagne, a confiées plus tard à la journaliste. Ces images témoignent très précisément, par le biais de sa conversation WhatsApp qui la lie à ses proches, des douze jours de son voyage vers l’asile, racontent son exil. Bouleversante, cette histoire a en premier lieu, en 2016, curieusement donné naissance à un « jeu du réel », lequel proposait une immersion dans le quotidien de la jeune femme.

Durée : 30 min

GIRLS AND BOYS, Mélanie Leray

« J’ai rencontré mon mari dans la file d’embarquement d’un vol Easyjet et je dois dire que l’homme m’a tout de suite déplu. »

Une rencontre impromptue dans un aéroport se transforme en relation intense et passionnée. Le couple s'installe, achète une maison, fait deux enfants. Parallèlement, chacun s'investit dans sa carrière. Une famille ordinaire, en somme. Pourtant, avec ce monologue inattendu, complexe, drôle et brutal, Dennis Kelly continue de percer les apparences pour explorer l'âme humaine et appuyer là où ça fait mal, sans cynisme, mais sans concession.

Metteure en scène et comédienne, après l’Ecole du Théâtre National de Bretagne, Mélanie Leray co-fonde le Théâtre des Lucioles. Elle y travaille comme actrice et metteure en scène jusqu’en 2012, année de création de sa compagnie, la Cie 2052, avec laquelle elle met en scène des écritures contemporaines anglaises : Lucy Caldwell (Leaves), Mike Bartlett (Contractions), Nina Raine (Tribus) mais aussi Shakespeare (La Mégère apprivoisée ou comment dompter une insoumise).

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Festival avis de turbulences

Une soirée dédiée à la danse avec deux spectacles : "Atomic 3001" de Leslie Mannès, Sitoïd et Vincent Lemaître et "Mieux vaut partir d'un cliché que d'y arriver" de Sylvain Riejou.

ATOMIC 3001, LESLIE MANNÈS, SITOÏD ET VINCENT LEMAÎTRE / 19h30

Tribale et techno, robotique et terriblement incarnée, monochrome et incandescente, primitive et futuriste, la danse contrastée de Leslie Mannès épouse le son et la lumière, jusqu'au bout des doigts. A bout de souffle. 
Œuvre aussi musicale et plastique que dansée, Atomic 3001 éclate d'emblée en une figure charismatique et androgyne, vêtue d'un rouge primaire, se découpant sur une techno ravageuse. Rétro-éclairée, cheveux devant le visage... La vision brouillée par les jeux de lumière, le spectateur pourrait presque l'imaginer de dos. Pieds rivés au sol, ses membres se mettent en mouvement un à un selon les bits. D'abord, seules les mains bougent le long du corps, puis les avant-bras, les hanches, enfin le corps entier, dans une synchronicité si parfaite avec la musique qu'on ne sait plus bien ce qui impulse quoi : musique ou danse ? Les effets d'optique accompagnent sa gestuelle stroboscopique et réciproquement, tandis que la musique électronique tend vers une transe qui amplifie, prolonge et habite cette danse machinique et possédée. Les pieds n'ont toujours pas bougé, il n'y a toujours pas de visage, l'espace est déchiré de gestes saccadés qui tranchent l'espace, jusqu'à un fondu au noir salvateur.
Alors la lumière éclaire enfin le visage, fait tomber le masque monoïque, détrôné par une figure on ne peut plus féminine, quittant son habit rouge pour offrir à l'inverse une performance faciale et directe, crue. En toute transparence, en toute sensualité, en toute fragilité, l'interprète "prend" le plateau. Un écart de l'aire de jeu la sort du théâtre, la rend à sa vulnérabilité de vivante, brise du même geste le hors champs, accueillant le public dans l'enceinte tribale et un crescendo de cris animaux et de tambours, dans l'épuisement de la transe. 

Durée : 45min
Chorégraphie et interprétation : Leslie Mannès - Composition musicale originale : Sitoid Création - Lumière : Vincent Lemaître - Regard extérieur : Joëlle Bacchetta - Diffusion : Stéphanie Barboteau/Bloom Project.be - Coproduction : Les Brigittines - Production : Asbl Hirschkuh en collaboration avec Cosipie asbl avec le soutien de VAT, du Théâtre de la Balsamine, de WBTD et de Wallonie Bruxelles International - Crédit photographique : Hichem Dahes ASBL HIRSCHKUH 
Dans le cadre du soutien à la diffusion PSO. En coréalisation avec Les Petites Scènes Ouvertes, réseau de soutien à l’émergence des jeunes chorégraphes avec l’aide de ADAMI

MIEUX VAUT PARTIR D’UN CLICHÉ QUE D’Y ARRIVER, SYLVAIN RIEJOU / 21H 

Sylvain Riejou se croque le cerveau et en joue. Premier opus du danseur et vidéaste, ce One man show vidéo-chorégraphique partage avec panache et dérision les questionnements liés à la création. 
Pour nous emmener au large du poncif de l'artiste romantique ou torturé, autant en faire son port d'attache. Voici le postulat de la pièce de Sylvain Riejou, qu'il donne à lire dès son titre. 
Interprète remarqué, tant pour son travail auprès de chorégraphes (Olivia Grandville, Sylvain Prunenec, Nathalie Pernette ou Didier Théron) que sous la direction de metteurs en scène (Roméo Castellucci, Robert Carsen) et d’artistes plasticiens (Clédat et Petitpierre), Sylvain Riejou s'adonne en autodidacte depuis une dizaine d'années au montage vidéo, qu'il explore ici comme un vecteur de composition chorégraphique. 
Cette autofiction, sa première pièce, s'enrichit de la maturité de cette recherche personnelle, autant qu'elle emprunte à son enfance, danseur en herbe s'agitant seul dans sa chambre sur les clips de Prince, Madonna, Mylène Farmer ou Mickael Jackson. En effet, c’est une chanson de geste qui jalonne Mieux vaut partir..., à savoir des mouvements expressionnistes symbolisant les paroles. Ainsi, de trouvailles gestuelles - ne se privant pas de clins d'oeil à Pina Bausch et autres grandes signatures de la danse contemporaine - en pépites cocasses, le chorégraphe-danseur nous emmène sur une piste perlée de questionnements artistiques rémanents. Explorant d'innombrables possibilités de basculer son propre corps de l’espace réel du plateau vers l’espace virtuel de la vidéo, l'artiste se dédouble, se détriple, offrant à lui seul des duos ou des trios, s'amusant à créer plusieurs personnages qui se répondent, se chamaillent ou collaborent, notamment chorégraphe et danseur, ouvrant ainsi l'horizon du rire de ses "prises de tête". 

Durée : 60min
Micadanses/ADDP (Paris) - Le point éphémère (Paris) - Honolulu (Nantes) - Montévidéo (Marseille) - La place de la danse CDCN de Toulouse occitanie. Sylvain Riejou a été en résidence de recherche à L’L (Bruxelles), d’août 2012 à septembre 2015. Ce projet a connu ses prémices dans le cadre de cet accompagnement. Conception et interprétation : Sylvain Riejou - Coach chorégraphique : Tatiana Julien - Regards extérieurs : Stéphanie Briatte, Laure Hamidi, Lucas Morlot – Remerciements : Myriam Gourfink, Daniel Larrieu, Olivier Martin Salvant, Mathilde Hennegrave, Emmanuel Meyer, Maud Pizon, David Walh - . Production déléguée : Bora-Bora productions (Charles Eric Besnier et Chloé Ferrand) . Avec le soutien du Carreau du Temple 

 

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JERK OFF 2018

Jerk Off revient au Carreau du Temple pour une nouvelle édition. Danse, théâtre et performance : le festival est toujours à l’écoute de nouvelles écritures et de projets singuliers.

Les artistes programmé.e.s à JERK OFF ont des références, des propositions et des imaginaires qui ne sont pas ceux de la norme hétérosexuelle dominante. Il s’agit pour Jerk Off de proposer d’autres visions, de donner la priorité aux corps queer. Ainsi, le festival fait de la représentation et de la visibilité des minorités sexuelles dans le champ de la culture, et principalement dans le spectacle vivant, son principal enjeu.

VENDREDI 14 SEPTEMBRE

NINA SANTES – Self Made Man / 19h30
MATTHIEU HOCQUEMILLER – Le corps du roi / 21h

SAMEDI 15 SEPTEMBRE

EVANGELIA KRANIOTI - Obscuro Barroco (film) / 19h30
JULIA PERAZZINI – Holes & Hills / 21h30

DIMANCHE 16 SEPTEMBRE

OLIVIER STEINER – La vie privée / 17h
HÉLÈNE ROCHETEAU – La nuit manquante III / 18h30

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Cinéclub 2019-2020

Les films de la saison

Mardi 8 octobre 2019 : Z de Costa-Gavras (1969, 2h05)

Mardi 5 novembre 2019 : La Gueule de l’emploi de Didier Cros (2011, 1h34)

Mardi 28 janvier 2020 : Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon d’Elio Petri (1970, 1h55)

Mardi 25 février 2020 : La Mort de Staline d’Armando Iannucci (2017, 1h47)

Mardi 31 mars 2020 : Récréation de Claire Simon (1992, 54 min)

Z - Costa Gavras

Z de Costa-Gavras (1969, 2h05)

Coécrit et réalisé par Costa-Gavras, le film est adapté du roman éponyme de Vassilis Vassilikos écrit à la suite de l'assassinat du député grec Grigóris Lambrákis à Thessalonique en mai 1963.

  • Prix du Jury au Festival de Cannes (1969)
  • Oscar du meilleur film en langue étrangère (1970)
  • Golden Globe du meilleur film étranger (1970)

Synopsis : Un député progressiste est assassiné dans un pays méditerranéen. Le juge d'instruction s'occupant de l'enquête met en évidence, dans ce crime, la participation de l'armée et de la police.

La Gueule de l’emploi - Didier Cros

La Gueule de l’emploi de Didier Cros (2011, 1h34)

Lors d’un entretien d’embauche, les questions ne sont jamais hasardeuses et les réponses sont toujours formatées. Le recruteur tend des pièges, et le candidat s’efforce de les éviter.

À la fois évaluation de compétences et entreprise de déstabilisation, l’entretien d’embauche est une véritable épreuve dont on sort rarement indemne. Les règles du jeu sont connues de tous. Mais, que sous entendent-elles? Que cherche t-on au juste en voulant savoir si vous êtes optimiste ou si vous avez le sens de l’adaptation ? Un candidat idéal ou un candidat soumis ?

Récompenses :

  • Etoile de la Scam – 2012
  • Award of Merit Accolade Film Festival – Etats-Unis
  • Mention spéciale Filmer le travail – France
Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon - Elio Petri

Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon d’Elio Petri (1970, 1h55)

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon s'inscrit dans le cycle de portraits de la société italienne que le réalisateur Elio Petri a entrepris, il y raconte la police, le pouvoir politique et la corruption. Elio Petri se serait réfugié à Paris quand le film fut diffusé en Italie.

Sorti en 1970, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon consacre Petri à l'international et remporte plusieurs prix :

  • Prix spécial du Jury au Festival de Cannes 1970.
  • Prix FIPRESCI du Festival de Cannes 1970.
  • Prix Edgar-Allan-Poe 1971 du meilleur scénario pour Ugo Pirro et Elio Petri.
  • Oscar du meilleur film en langue étrangère 1971.
  • Nomination au Golden Globe du meilleur film en langue étrangère 1971.
  • Nomination à l'Oscar du meilleur scénario original 1972.

Synopsis : En Italie, au début des années 70, le chef de la brigade criminelle est sur le point d’être promu au poste de directeur de la section politique. Persuadé que ses fonctions le placent au-dessus des lois, il égorge sa maîtresse, Augusta Terzi, au cours de leurs joutes amoureuses. Avec un sang-froid parfait, il met tout en œuvre pour prouver que personne n'aura l'intelligence, ni même l'audace, de le soupçonner...

La Mort de Staline - Armando Iannucci

La Mort de Staline d’Armando Iannucci (2017, 1h47)

Sorti le 20 octobre 2017 au Royaume Uni, La Mort de Staline réalisé par Armando Iannucci est une adaptation de la bande dessinée française éponyme de Thierry Robin et Fabien Nury.

De sa promotion à sa sortie en salles, cette comédie satirique a provoqué la colère du Parti communiste de la Fédération de Russie qui a exigé la censure du film sur le territoire au prétexte qu'il discrédite la mémoire de Staline.

Synopsis : Dans la nuit du 2 mars 1953, un homme se meurt, anéanti par une terrible attaque. Cet homme, dictateur, tyran, tortionnaire, c'est Joseph Staline. Et si chaque membre de sa garde rapprochée - comme Beria, Khrouchtchev ou encore Malenkov - la joue fine, le poste suprême de Secrétaire Général de l'URSS est à portée de main. (Inspiré de faits réels...)

Fidèle programmateur du Cinéclub du Carreau du Temple, CinéCaro jette cette année les projecteurs sur le thème du pouvoir.

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FESTIVAL CONCORDAN(S)E 2020

Festival itinérant en Île-de-France et au-delà, Concordan(s)e propose à un chorégraphe et à un écrivain de se rencontrer pour écrire une pièce à quatre mains au cours d’une résidence de création. Pour la quatorzième année, cette exploration inédite des écritures scéniques et textuelles, ces croisements entre le geste et le mot dévoilent des chorégraphies et des écrits inédits, dans des formats surprenants.

POI(D)S
Catherine Dreyfus : chorégraphe
Catherine Grive : écrivaine

C’est l’histoire d’une femme qui désire un fils plus que tout au monde. Catherine Dreyfus et Catherine Grive nous entraînent aux confins de la déraison, faisant jaillir, dans les plis des secrets de famille, un univers fantaisiste.

Entre amour et douleur, rêve et folie, enfante-ment et désenchantement, sur le plateau,  des mots et des gestes et quelques accessoires - des poids, un coussin, un tapis - déroulent le fil rouge du passé, pour dire les vertiges que peut provoquer l’expérience maternelle. Il y est aussi question de l’expérience enfantine, car nombre d’enfants ont déçu en naissant fille ou garçon. La danse de Catherine Dreyfus, vecteur d’émo-tions et de pensées, donne à voir le monde  qui nous entoure dans une langue singulière  et onirique, exposant un point de vue organique sur les choses, laissant libre cours à l’imagination, à l’interprétation du spectateur. La chorégraphe confronte le corps humain aux matières physiques, à l’appui d’une grande acuité  scénographique. Musicalité, poésie, fluidité sont les ingrédients d’une atmosphère surréaliste teintée d’ironie. Ses propositions pétillantes rencontrent ici la délicatesse de Catherine Grive, productrice d’émissions sur France Culture aussi sensibles qu’originales (Le Goût du Noir, La Peur du Vide, Les Retrouvailles, Les Salles d’attente), auteure d’albums joyeux pour enfants et de romans graves pour adoles-cents, avant de signer en 2017 son premier roman pour adultes, Reste le chagrin, aux éditions Lattès.

Regard extérieur : Guy-Pierre Couleau
Coproduction : commande du festival Concordan(s)e, Centre chorégraphique national de Nantes avec le soutien à la résidence de la Médiathèque Violette Leduc à Paris. La Compagnie ACT2 est soutenue par la DRAC Grand Est (conventionnement), la Région Grand Est (conventionnement) et la Ville de Mulhouse.

L&L
Joanne Leighton : chorégraphe
Camille Laurens : écrivaine

Leur engagement en commun, les artistes Joanne Leighton et Camille Laurens ont vite trouvé un terrain d’entente dans la clairière jouxtant leurs parcours artistiques : un travail sur la marche. La marche compose, la marche écrit, la marche invente un lien indéfectible avec la vie, le monde. 

Comme dans un jeu d’enfants, elles arpentent le plateau, le piétinent, l’épuisent, décrivant des circonvolutions, à l’image de boucles temporelles. La gestuelle des deux interprètes, toujours à l’unisson, se délivre doucement : rien ne ressemble plus à un pas qu’un autre pas, et pourtant chaque démarche détient son architecture propre qui en fait un événement unique. Les séries et répétitions manifestent une réflexion profonde sur le temps qui passe, l’altération et l’altérité. La répétition montre essentiellement la différence : plus il y a répéti-tion, plus il y a différence. Ces changements donnent à éprouver le temps comme une répétition différentielle, une suite de variations qui dessinent un devenir. Quel espace créons-nous à la mesure de nos pas ? 
Après Songlines de Joanne Leighton, spectacle présenté au Carreau du Temple en 2018, cette création façonnée avec Camille Laurens, auteure de neuf romans traduits en plus de trente langues, parmi lesquels Dans ces bras-là (prix Femina 2000), est à découvrir en exclusivité. 

Design sonore et regard extérieur : Peter Crosbie - Assistante : Marie Fonte - Costumes : Alexandra Bertaut
Coproduction : commande du festival Concordan(s)e 2019, Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie – direction Emmanuelle Vo-Dinh dans le cadre d’une aide à l’écriture. Avec le soutien du Centre des monuments nationaux et la Maison George Sand de Nohant, La Briqueterie- CDCN du Val de Marne, la Médiathèque d’Évreux.

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Je rentre dans le droit chemin

Nom complet du spectacle : Je rentre dans le droit chemin (qui comme tu le sais n'existe pas et qui par ailleurs n'est pas droit)

Pourquoi, quand et comment la nudité a-t-elle un sens sur scène ? Enfin, un chorégraphe défie frontalement la question, sans détour ni métaphore, dans une forme pétillante, entre fausse conférence et danse vraie.

Dans le droit chemin de sa première pièce Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, présentée au Carreau du Temple en 2018, Sylvain Riéjou poursuit son exploration vidéo-chorégraphique de l’acte de création en partageant l’intimité de ses questionnements d’artiste.

Publiée sur Internet en 2010, sa vidéo-danse Clip pour Ste Geneviève, pourtant chaleureusement accueillie par le public lors de festivals de danse, tombait sous le joug d’une interdiction de circuler sur la toile. Législateur : Dailymotion. Motif invoqué : caractère pornographique.

S’est alors dessinée une interrogation sur les paradoxes de la représentation du corps dans l’art et dans la publicité : pourquoi un corps donné à voir dans toute sa vérité, donc nu, sur un plateau, dans une visée artistique, choque-t-il bien davantage - les enfants comme les adultes - que toute vidéo aux allusions clairement sexuelles, à but commercial ?

Imposant challenge pour un interprète qui a mis des années à abdiquer devant le fantasme de l’Apollon athlétique et ténébreux pour accepter son corps blanc, mince et imberbe, ce nouveau solo tente de démêler la confusion fossile entre nudité et obscénité.

Dans un climat chatoyant d’autodérision, déjouant le parfum de scandale que suscite le nu, Sylvain Riéjou propose son lexique du dénuement et le met en pratique avec son propre corps pour mettre en évidence que c’est là l’acte le plus engagé et engageant du danseur. Il nous rappelle, avec une étonnante pudeur, que toute création artistique est intrinsèquement une mise à nu.

Spectacle inclus dans votre soirée : VACA - Anna Chirescu

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Ensemble ensemble

Entre théâtre et chorégraphie, un ensemble de quatre interprètes, doués dans les deux registres, met en jeu la circulation de la parole comme une architecture mentale aux dimensions insondables.

Dès les premiers instants, tout compte. Chaque micromouvement, le moindre battement de paupière, le rythme propre d’une main qui se tend, tout compte. Comme dans la vie. La pièce décrit ce que le langage crée dans l’espace, cette substance intangible et pourtant quasi-organique, la construction de nos identités par l’oralité, la difficulté de s’exprimer. En vis-à-vis, Vincent Thomasset, pour notre plus grand plaisir, va jusqu’à mettre en scène la perplexité, explorant le large royaume de l’incompréhension, la complexité à transformer des mots reçus en images limpides.

Un vaste réseau de regards entre les comédiens élabore peu à peu une structure à quatre corps qui, dans le même temps, ne font qu’un, au sens où ils sculptent l’espace. L’auteur-metteur en scène a écrit un texte simple, drôle, mais qui, l’air de rien, flirte avec une élégante mise en abîme, provoquant du moins un subtil choc télescopique, à l’instar de son titre. À l’écoute, dans Ensemble Ensemble, il y a « semblant ». En plein milieu. Portée par une création sonore et lumineuse exceptionnelle, la pièce fait apparaître et disparaître les acteurs, donne à entendre la voix des uns par la bouche des autres via un dispositif de doublage en direct : se creusent alors des décalages cocasses entre les voix et les personnes, les personnes et les gestes.

Transportées du son d’un clavecin baroque à l’admirable composition électro de The Noise Consort, la musicalité pure des mots, comme vidés de leur sens, les cacophonies de musique et de voix, de troublantes assonances, les dialogues décousus jusqu’au délire, éploient l’immense panel des formes langagières.

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Speechless voices

C'est un poème d’un amour infini, porté par des interprètes d'une qualité de présence et d'une plasticité visuelle impressionnantes. Ils habitent le plateau sous plusieurs formes (duo, solo, quatuor, sextet), selon un triptyque. Le premier tableau, apocalyptique, évoque ce moment mouvant du deuil, ce temps post-traumatique qui imprime une torpeur au corps abandonné. Le deuxième est l'interprétation figurale en solo d'une lettre à l’absent, “Le soleil sera noir comme le trou dans mon corps.” Enfin, c’est une communauté humaine qui cherche par le corps à ritualiser l’absence et la présence, la solitude et la relation, afin de les transmuter, et à appeler ainsi la lumière par-delà la douleur, sur La Passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach.

Une éloquence des images de plateau, une expressivité des rétentions et des gestes traversent la danse. La grande chorégraphe flamande ne se départit pas pour autant de son abstraction lunaire, de l'extrême précision de l'écriture des corps dans l’espace, mêlée de géométrie, de fluidité, de répétition et de minutie, qui constituent sa signature depuis 20 ans.

Ici, dans une symbiose quasi-obsessionnelle, le mouvement est étroitement lié à la composition musicale, notamment à la pulsation rythmique fondamentale de la musique électronique de Mika Vainio, jusqu'à coïncidence parfaite, troublante. On sort de cette pièce comme d'un bel enterrement, émus mais soudés, chargés d'émotions mais allégé par la brise de ce "je t'aime" dansé.

En partenariat avec le festival Faits d’hiver et le Centre culturel suisse à Paris
Avec le soutien de l'Onda - Office national de diffusion artistique 

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Mon képi blanc

Planté dans sa boîte à théâtre, navrant et attendrissant pantin, un soldat aboie ses convictions, ou plutôt celles qu'on lui a enfoncées dans le crâne. Toujours au garde-à-vous, cerné de microphones tel un grand orateur, il laisse seules ses lèvres s'agiter, dont sortent par flots les mots de la guerre, de la résignation, de la témérité insensée, de l'aveuglement. Dans sa bouche résonnent l'errance et l'endoctrinement des légionnaires, répétant à coups de cris féroces ce qu'on leur dicte, chants militaires ou devises de guerriers. Sa gorge est un cratère. Celui d'un volcan en éruption déversant une lave d'émotions enfouies qui, à peine jaillies, durcissent au contact de l'air en une forme de slam. Les gestes mécaniques, le regard fixe et hagard disent tout de la perte. Ici pourrait être ailleurs. Et vice versa.

Une performance vocale et physique soulignée par la pertinence du dispositif dramaturgique d'Hubert Colas, simple, drôle, ironique, efficace : mettre en scène le légionnaire en civil, planqué derrière son bosquet de micros à pieds, et faire porter le képi et les fanions au moniteur télé qui retransmet en direct son portrait en plan américain.

Mot caillou, le on scande le texte de Sonia Chiambretto. Car les képis blancs ne sont plus des individus, mais les organes d'un groupe, d'un improbable "on". Venant de toutes origines, ils inventent leur langue à eux, sentimentale, sédimentaire et imagée, qui se resserre autour d'un patrimoine commun, le chant de la peur, de la renonciation, mais aussi de l'espoir et du rêve. D'un sujet délicat et de la matière sonore de cette langue du soldat, qu'elle appelle "langue française étrangère", Sonia Chiambretto extrait un joyau brut.

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