Mon képi blanc
Une traversée de l'univers de la Légion par la voix d'un soldat, bouleversée et bouleversante. Dans un écrin de velours d'un rouge désuet de cabaret, le légionnaire raconte, chante son exil. Des morsures de la guerre, il éructe l'indicible, dérapant comme un disque rayé. Un solo inoubliable.
Planté dans sa boîte à théâtre, navrant et attendrissant pantin, un soldat aboie ses convictions, ou plutôt celles qu'on lui a enfoncées dans le crâne. Toujours au garde-à-vous, cerné de microphones tel un grand orateur, il laisse seules ses lèvres s'agiter, dont sortent par flots les mots de la guerre, de la résignation, de la témérité insensée, de l'aveuglement. Dans sa bouche résonnent l'errance et l'endoctrinement des légionnaires, répétant à coups de cris féroces ce qu'on leur dicte, chants militaires ou devises de guerriers. Sa gorge est un cratère. Celui d'un volcan en éruption déversant une lave d'émotions enfouies qui, à peine jaillies, durcissent au contact de l'air en une forme de slam. Les gestes mécaniques, le regard fixe et hagard disent tout de la perte. Ici pourrait être ailleurs. Et vice versa.
Une performance vocale et physique soulignée par la pertinence du dispositif dramaturgique d'Hubert Colas, simple, drôle, ironique, efficace : mettre en scène le légionnaire en civil, planqué derrière son bosquet de micros à pieds, et faire porter le képi et les fanions au moniteur télé qui retransmet en direct son portrait en plan américain.
Mot caillou, le on scande le texte de Sonia Chiambretto. Car les képis blancs ne sont plus des individus, mais les organes d'un groupe, d'un improbable "on". Venant de toutes origines, ils inventent leur langue à eux, sentimentale, sédimentaire et imagée, qui se resserre autour d'un patrimoine commun, le chant de la peur, de la renonciation, mais aussi de l'espoir et du rêve. D'un sujet délicat et de la matière sonore de cette langue du soldat, qu'elle appelle "langue française étrangère", Sonia Chiambretto extrait un joyau brut.
Texte : Sonia Chiambretto – Mise en scène et scénographie : Hubert Colas – Avec : Manuel Vallade – Assistanat à la mise en scène : Salomé Michel – Lumière : Pascale Bongiovanni et Hubert Colas – Vidéo : Patrick Laffont – Son : Nicolas Dick – Régie générale : Frédéric Viénot – Régie lumières : Stéphane Salmon – Régie vidéo : Hugo Saugier
Le texte est publié chez Actes Sud-Papiers. Sonia Chiambretto est représentée par L’Arche, agence théâtrale.
Production : Diphtong Cie – Avec le soutien de Montévidéo
Mon Képi Blanc a bénéficié d’une aide à l’écriture de la DMDTS / ministère de la Culture.
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