Déflié chorégraphique

Dans le cadre du Festival Kalypso

Mourad Merzouki, l’un des grands maîtres français de la danse hip-hop, invite quinze danseurs de renom, d’horizons divers - break, house, krump, new style, ou encore cirque, danse classique et danse contemporaine - à performer à la manière d’un battle, en plein cœur du public, sur un podium dans la grande Halle.

Un solo de trois minutes dans un espace scénique de type catwalk, à l’image d’un défilé de mode, tel est le challenge que Mourad Merzouki propose à des danseurs d’exception, références dans leurs domaines respectifs. À l’issue des performances, un jury de professionnels nomme un lauréat, qui reçoit une récompense.

Le défilé chorégraphique de Kalypso, c’est une occasion unique pour les publics de toutes générations de découvrir l’univers de danseurs reconnus à l’échelle internationale, dans une atmosphère tout aussi conviviale et festive pour les artistes, qui s’installent dans de hauts lieux du patrimoine, écrins extraordinaires pour présenter les talents de la danse hip-hop. Fil rouge de la soirée, un maître de cérémonie présente les danseurs et rythme les performances sur la musique live de DJ Tismé.

Habitué des lieux publics, Mourad Merzouki a pour coutume de bousculer le rapport du public aux lieux investis, à leurs architectures et à la danse hip-hop. Il rapproche les univers de la danse et du lieu hôte, et Le Carreau du Temple en est un de choix !

Un rendez-vous incontournable de danse initié par Mourad Merzouki dans la grande Halle du Carreau du Temple !

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Transversari

Il y a une constante jubilatoire dans les pièces de Vincent Thomasset : c’est toujours tout à la fois intelligent et simple d’accès, enlevé, souriant ou drôle ; il a inventé une entrée multi-strates comme on en voit peu sur scène. Le maestro des entrelacs entre les gestes et les mots se penche ici sur notre rapport aux images et aux identités de genre, questions admirablement « prises en corps » par son complice Lorenzo De Angelis.

Un phénomène identifié au Japon tisse un lien entre ces deux sujets, celui de l’hikikomori, ou la réalité psycho sociale de personnes – principalement des hommes – qui vivent coupées du monde, réfugiées derrière leurs écrans, situation à laquelle une profonde inadaptation aux standards des masculinités peut prédisposer. Transversari est pensée comme une ode au mouvement, à la traversée des sens, des formes et des identités. Fascinant, Lorenzo De Angelis colore le tout de sa composition corporelle en travaillant autour de différents états de corps – domestique, incarné – qui se répondent et restituent ces sédiments déposés là, avec une infinie délicatesse, jusqu’au dénuement.

▶ ATELIER « DESSIN DE LA DANSE autour de LÉGENDES »

avec Lorenzo De Angelis, danseur, et Hadil Salih, plasticienne

Lorenzo De Angelis, danseur et complice de Vincent Thomasset, propose durant cet atelier de travailler à partir de Légendes (son projet collaboratif et curratorial), qui se base sur une boucle chorégraphique constituée à partir de figures emblématiques allant de Marilyn Monroe à Hijikata en passant par Rodin, Mohamed Ali et d'autres... Dans un mouvement lent et continu, il opère un « morphing trans-identitaire » ou incarnation mouvante reliant par la danse ces différentes images collectées.

Par le dessin, nous tenterons d’interpréter ces figures et leurs gestuelles, d’en restituer l’expressivité mais aussi peu à peu de dessiner, d’exprimer le mouvement et la danse en opérant des choix graphiques. Le cadrage, le travail de perspective, le choix du point de vue en réalisant parfois des focus sur différentes parties du corps feront partie des sujets techniques abordés.

Les différentes productions pourront former peu à peu une Légende, soit un matériel issu de la chorégraphie, venant enrichir le projet de collection au cœur de ce travail chorégraphique questionnant la passivité, le partage, l’autorité, la transformation dans l’immuable, la mémoire, le rapport au temps ou aux images…

Infos pratiques :

  • Lundi 24 janvier 2022 de 19h à 21h30
  • Niveau dessin : intermédiaire et avancé / Techniques mixtes
  • Jauge : 10 personnes
  • Tarif atelier : 15 euros + 1 place offerte pour le spectacle Transversari à la date de votre choix (dans la limite des places disponibles)*

Réservez votre place d'atelier : cliquez ici !

*Suite à votre commande, vous recevrez un email de confirmation qui contiendra un code. Vous pourrez l'utiliser lors de votre réservation de la place de spectacle en sélectionnant le tarif "Réservation Participants Atelier".

Nouveau virage pour Vincent Thomasset, accueilli en 2019 au Carreau du Temple avec Ensemble Ensemble. À la croisée des codes du théâtre et de la danse, Transversari s’articule autour de la présence d’un homme cloîtré chez lui, à regarder des écrans, incapable de participer au monde qui l’entoure. Peu à peu, il passe de l’autre côté du miroir, incarnant les images qui défilent devant ses yeux.

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AMAZONES

Dans le cadre du festival Faits d'hiver - www.faitsdhiver.com

Nu au plateau, ce collectif d’amazones magnifie la dimension esthétique et sensuelle des corps entre douceur de l’utopie et violence du combat. Se déplie tout un éventail de nuances de danse, qui déclinent la gestuelle dans de surprenantes ruptures de rythme, parfaitement orchestrées.

Les corps se décollent du texte porté en voix off par le timbre cristallin de la comédienne Lucie Boscher pour ouvrir un large terrain de jeu à l’imaginaire et à la réflexion du spectateur, du mouvement aux mots, des mots à la musique, puissante et ténébreuse, soulignant par contraste la mélodie intrinsèque du texte, la sensualité de sa plume et l’universalité de ses revendications politiques. Un plateau épuré, quelques fruits et végétaux épars : place à la figure du cercle comme symbole d’anneau vulvaire, de révolution, de danse, de foyer, de solidarité.

Servie par un casting 100 % féminin, la volonté politique affichée d’extirper le vocable lié au sexe féminin d’une zone de pudeur fait la joie et la complicité des interprètes nues au plateau. Passeur de quête, reflet d’une époque, le corps affirme aussi ici, s’appuyant sur la figure symbolique plurielle de l’amazone, une entière nécessité d’œuvrer dans le sens d’une émancipation collective.

▶ ATELIER " Danse et expression vocale "

Avec la chorégraphe Marinette Dozeville et la plasticienne performeuse Hadil Salih

Autour du spectacle AMAZONES de Marinette Dozeville, un workshop de pratique performative entre danse et expression vocale.

Questionnant plus particulièrement nos héritages et l’histoire portée par notre langage et par nos gestes, cette journée d’atelier sera constituée de temps d’échange, d’exercices et d’improvisation libre. Inspiré de textes féministes, nous utiliserons les mots comme matière sonore venant enrichir et dialoguer avec la danse.

Encadré par la chorégraphe Marinette Dozeville et la plasticienne performeuse Hadil Salih, cet atelier sera accompagné l’après-midi par Juliette Adam clarinettiste et improvisatrice.

Infos pratiques :

  • Samedi 5 février 2022 de 11h à 13h30 puis de 14h30 à 17h
  • Jauge : 12 personnes
  • Tarif : 25 euros + 1 place offerte pour le spectacle AMAZONES à la date de votre choix (dans la limite des places disponibles)*
  • Réservez votre place d'atelier : cliquez ici !

*Suite à votre commande, vous recevrez un email de confirmation qui contiendra un code. Vous pourrez l'utiliser lors de votre réservation de la place de spectacle en sélectionnant le tarif "Réservation participants workshop".

Avec « AMAZONES », Marinette Dozeville propose une écriture dansée aux antipodes de l’illustration, invitant à la libération des corps au plateau. Une ode à la désinvolture !

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L’affadissement du merveilleux

C’est une expérience sensuelle et sensorielle que propose Catherine Gaudet, l’expérience partagée des mystérieux cycles naturels qui régissent notre existence. Cette quête ambitieuse, aux confins de l’obsession, est ici la source de son langage chorégraphique, cette danse extatique dans laquelle les corps dénudés laissent percevoir chaque infime variation de tensions musculaires, la sueur, le changement de couleur de la peau.

De ces cycles incessants de l’univers, à la fois contraignants et hallucinants, surgit le motif du cercle, ainsi qu’un travail corporel autour du mouvement commun et continu. Les danseurs semblent prisonniers de ce motif, qui représente tout à la fois la source de vie, la danse cyclique infinie des planètes, des atomes, des morts, des naissances et des renaissances. Leur mouvement continuel laisse imaginer ce qui les traverse : élan vital, images, souvenirs, pulsions, forces invisibles qui les plongent dans cet état de méditation à la lisière de la transe.

L’épure de la création lumière et musicale souligne d’autant plus les mouvements kaléidoscopiques et le flot incessant de sensations qui se transforment, laissant apparaître des nouvelles figures témoin captivantes. Le corps devient alors réceptacle, et transmetteur d’une histoire existentielle à la fois personnelle et universelle.

Pour en savoir plus sur la genèse du spectacle, nous vous invitons à lire l'entretien que Catherine Gaudet a accordé à Maculture.fr : cliquez ici

Avec une plume d’une indescriptible volupté, la chorégraphe québécoise Catherine Gaudet met en scène dans « L'affadissement du merveilleux » cinq danseurs d’exception pour tenter de mettre à nu les cycles naturels que nous traversons, tant dans la sensation d’enfermement qu’ils nous imposent que dans leur beauté vertigineuse. Hypnotisant.

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Corps exquis

Il s’agit de composer une œuvre collective, en partie à l’aveugle, chaque artiste y allant de son mot ou de son dessin en l’enchaînant avec celui du précédent, partiellement caché au creux d’un pli. De quoi (re)découvrir une brillante palette des talents de la scène d’aujourd’hui !

Pièce pour trois danseurs, ou solo à trois corps, Corps exquis questionne l’acte de transmettre, dans un foisonnement de signatures d’artistes de renom, une abondance d’accessoires, de masques et de costumes hauts en couleurs, un bain de musiques variées. Dans ce projet qui aura exigé neuf ans de construction au total pour Joanne Leighton, chaque chorégraphe a créé un module d’une minute en s’appuyant sur les dix dernières secondes de la séquence écrite par le chorégraphe précédent, Joanne Leighton ayant impulsé l’idée et la chaîne, proposant l’incipit de la pièce.

Sous sa baguette, la combinaison des soli s’est transformée en partition dansée pour trois interprètes de la compagnie WLDN. Au jeu chorégraphique de la passation du relais, la danse répond par la transmission des gestes d’un corps à l’autre. Et quand s’imbriquent intelligemment des plumes aussi diverses en genres, références, âges et cultures que celles de Phillip Adams, Stéphanie Aubin, Simone Aughterlony, Marianne Baillot, Kimberly Bartosik, Martin Bélanger, Dominique Brun, François Chaignaud, Youngsoon Cho Jaquet, Rosalind Crisp, Ugo Dehaes, Mélanie Demers, Danièle Desnoyers, Herman Diephuis, Stefan Dreher, Radhouane El Meddeb, Myriam Gourfink, Caroline Grosjean, Lucy Guerin, Mia Habib, Christophe Haleb, Trajal Harrell, Ame Henderson, David Hernandez, Lionel Hoche, Marie-Caroline Hominal, Sandra Iché, Petter Jacobsson, Heather Kravas, Latifa Laâbissi, Aude Lachaise, Fabrice Lambert, François Laroche Valière, Daniel Larrieu, Joanne Leighton, Maud Le Pladec, Daniel Linehan, Faustin Linyekula, Mark Lorimer, Angels Margarit, Marlene Monteiro Freitas, Mickaël Phelippeau, Arco Renz, Alban Richard, Hervé Robbe, Carlotta Sagna, Caterina Sagna, Philippe Saire, Kosei Sakamoto, Zoé Scofield, Ambra Senatore, Misook Seo, Morgan Thorson, Stéphanie Thiersch, Mark Tompkins, Emmanuelle Vo-Dinh, Uiko Watanabe, Michael Whaites, alors l’exercice de style s’affranchit de l’exercice pour gagner en style. Une pièce unique en son genre.

Pour en savoir plus sur le travail de Joanne Leighton et la genèse de la création de Corps exquis, nous vous invitons à lire l'entretien qu'elle a accordé à Maculture.fr : cliquez ici

« Corps exquis », œuvre collective où pas moins de 58 chorégraphes, dont Joanne Leighton, artiste chère au Carreau du Temple, se sont mis au travail pour transposer en danse le procédé ludique et artistique du cadavre exquis inventé par les surréalistes dans les années 20 !

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Aberration

« Aberration » s’inscrit dans l’étude chromatique commencée en 2017. Cet égarement chorégraphique offre cette fois-ci la possibilité de redéfinir la forme et la couleur en commençant par questionner le blanc, ce « rien avant tout commencement » qui, comme le dit aussi Kandinsky, « regorge de possibilités vivantes ».

Corps blanc sur fond blanc. Parmi des objets blancs, sur un tapis blanc, un homme vêtu de blanc influe sur son environnement, y évolue, y danse... Le paysage monochromatique ouvre alors un étonnant nuancier de sensations.

L’univers pictural, au sein duquel les tableaux mouvants mêlent matières dansées et chorégraphie du décor, s’appuie ici sur la notion d’aberration d’optique, laquelle provoque des déformations géométriques et chromatiques qui enrichissent la perception de l’image recomposée. À ces impressions hypnotiques et persistances rétiniennes se conjugue une création musicale captivante, une électro harmonique aux accents baroques, la pureté de l’orgue s’habillant si bien de blanc...

Aberration est au-delà d’un solo doublé d’une installation, tant les textures sonores et plastiques - le papier, le métal, le tissu - tant la création lumière, dotée de diverses sources : projecteurs, leds, réflecteurs, sont autant d’interprètes, au même titre que le danseur, au sens de vecteurs d’interprétation de tout ce blanc. Fragmentaire et liée, la structure chorégraphique sous-tend une danse qui, par son éclectisme, de la plus minimale à la plus expressionniste, nous rappelle que le blanc est le spectre de la lumière de toutes les couleurs.

La divagation chorégraphique d’Emmanuel Eggermont invite ainsi chaque spectateur à déceler les multiples nuances qui habitent le champ chromatique du blanc et à y projeter tout un panel de visions et de couleurs fantasmées.

Pour aller plus loin sur le processus de création du spectacle, lire l'entretien d'Emmanuel Eggermont accordé à maculture.fr ici.

Partie manquante de son étude chromatique, “Aberration” d'Emmanuel Eggermont redéfinit la forme et la couleur en questionnant le blanc.

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Scènes étranges dans la mine d’or

En partenariat avec la Maison des Jonglages, scène conventionnée Jonglages à La Courneuve, dans le cadre de la 15e édition du festival Rencontre des Jonglages

Avec une conscience aiguë du corps dans son rapport à l’espace et au temps, Elsa Guérin développe une écriture du jonglage et du cirque minimaliste et sensible, à la lisière d’autres arts. Prenant sa source dans les pratiques muettes du jonglage, puisant aux racines du geste jonglé et de ses similarités avec d’autres pratiques physiques - danse, sport, yoga -, l’artiste esquisse avec ce trio une archéologie de la représentation du corps, en particulier du corps féminin. La pièce se nourrit et parle aussi d’une archéologie plus intime, du souvenir personnel et des survivances du passé dans l’acte de création.

Avec un récit en voix off qui se superpose à l’acte physique, la pièce joue des coïncidences ou des désynchronisations entre ce qui est vu et ce qui est dit, mettant en lumière la perception trouble du souvenir et célébrant la joyeuse et onirique confusion entre réel et imaginaire. À la poursuite de la métaphore du drame humain, Elsa Guérin actualise ici le potentiel chorégraphique et dramatique du jonglage en l’articulant au rapport des corps entre eux et avec les objets, ainsi qu’à la beauté du geste, tout simplement.

D’après une peinture murale de l’Égypte antique représentant trois jongleuses de balles, Elsa Guérin tresse un poétique canevas de corps jonglant et dansant, frayant un chemin très personnel entre documentaire et récit intime.

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Xamûma fane lay dëm (Je ne sais pas où je vais)

Amala Dianor (chorégraphe) & Denis Lachaud (écrivain)

Amala Dianor, danseur hip hop, néo-classique, contemporain et afro-contemporain passant d’une technique à l’autre avec virtuosité, et Denis Lachaud, écrivain, metteur en scène et comédien, entrent en scène avec la langue comme sujet de curiosité. Les mots et les gestes, les sons et les couleurs, les odeurs, les matières, les symboles, les émotions : tout nourrit notre façon de nous exprimer. Et quand deux personnes se rencontrent, elles élaborent une langue commune, une langue pour communiquer, mais aussi pour créer ensemble.

Dans le cadre du festival Concordan(s)e

La marque de fabrique de Concordan(s)e est de provoquer des rencontres inédites entre un chorégraphe et un écrivain puis d’en diffuser les travaux écrits à quatre mains. Pour cette dernière édition, le Festival invite des duos qui ont marqué son parcours à présenter leur création originale, ou bien à la revisiter d’un nouveau geste. Fort d’une activité constante et généreuse à l’attention de tous les publics, via une politique de résidences de création ouvertes, d’itinérance, d’actions culturelles et d’ateliers autour des écritures croisées, Concordan(s)e permet, une dernière fois, de découvrir une plume et une approche de la danse en un acte artistique commun.

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L’incognito

Fabrice Lambert (chorégraphe) & Gaëlle Obiégly (écrivaine)

Au rythme d’une respiration, au doux son des mots, un homme et une femme tentent de se scanner réciproquement, d’« éprouver la nature sauvage des origines ». Dans un espace commun, chacun est dans son corps et chaque corps a ses organes propres. L’étrangeté de la danse et l’incongruité du dialogue mettent en abyme et en boîte la question de l’expression, notamment de l’expression artistique. Fabrice Lambert, artiste incontournable de la danse contemporaine, amoureux des croisements entre les disciplines, et Gaëlle Obiégly, écrivaine s’imposant par sa plume précise et personnelle, élaborent ici un intrigant essai en mouvement sur le mystère de l’autre et des intersections possibles entre deux sphères intimes.

Dans le cadre du festival Concordan(s)e

La marque de fabrique de Concordan(s)e est de provoquer des rencontres inédites entre un chorégraphe et un écrivain puis d’en diffuser les travaux écrits à quatre mains. Pour cette dernière édition, le Festival invite des duos qui ont marqué son parcours à présenter leur création originale, ou bien à la revisiter d’un nouveau geste. Fort d’une activité constante et généreuse à l’attention de tous les publics, via une politique de résidences de création ouvertes, d’itinérance, d’actions culturelles et d’ateliers autour des écritures croisées, Concordan(s)e permet, une dernière fois, de découvrir une plume et une approche de la danse en un acte artistique commun.

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Sa bouche ne connaît pas de dimanche

Il y a des pièces qui, tout à la fois, persistent au fond de nos rétines, restent gravées dans nos cœurs et bousculent définitivement notre approche de la société contemporaine. Ce duo abrasif, intime, viscéral, diablement drôle et allégorique, en fait partie.

La première image donne le ton : sur le plateau, piscine gonflable, tapis rose, tenues vestimentaires extravagantes et, très vite, un cochon, de ceux que l’on élève et abat en Bretagne, et que l’on célèbre, à table, à Noël en Martinique, importés par les premiers colons. À l’appui d’un texte aussi cinglant que poétique, criblé de savoureuses pépites, et d’un jeu performatif avec de faux matériaux : faux sang, fausses mailles, fausse fourrure, et une matière vraie et bien vraie, organique : eau, viande, pigment, Rébecca Chaillon en bouchère butch et Pierre Guillois en Christ gay nous embarquent dans un joyeux délire... pas si saugrenu qu’il n’y paraît.

Au départ, ils se sont amusés à coécrire leurs parcours respectifs. À l’origine de Rébecca, la Martinique. À l’origine de Pierre, la Bretagne. Mais Rébecca prend conscience qu’elle est noire et Pierre, qu’il est homosexuel. Dépliant les couches de la genèse de leurs personnes, ils dénudent leur rapport ambigu au catholicisme, au sacré, à la pureté. La chair vient tout naturellement souder ces questionnements, celle de l’animal, celle que l’on mange, celle qui cristallise le paradoxe entre plaisir du goût du sang et sentiment de culpabilité de la tuerie nourricière. Créatures divines et personnages profanes, les deux artistes invoquent aussi la société dont ils rêvent.

« Sa bouche ne connaît pas de dimanche », une fable déjantée au pays des faux semblants où Rébecca Chaillon et Pierre Guillois se racontent et tombent les masques !

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