Je rentre dans le droit chemin …

Dans le cadre de Danse Dense #lefestival

Nom complet du spectacle : Je rentre dans le droit chemin (qui comme tu le sais n'existe pas et qui par ailleurs n'est pas droit)

Pourquoi, quand et comment la nudité a-t-elle un sens sur scène ? Enfin, un chorégraphe défie frontalement la question, sans détour ni métaphore, dans une forme pétillante, entre fausse conférence et danse vraie.

Dans le droit chemin de sa première pièce Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, présentée au Carreau du Temple en 2018, Sylvain Riéjou poursuit son exploration vidéo-chorégraphique de l’acte de création en partageant l’intimité de ses questionnements d’artiste.

Publiée sur Internet en 2010, sa vidéo-danse Clip pour Ste Geneviève, pourtant chaleureusement accueillie par le public lors de festivals de danse, tombait sous le joug d’une interdiction de circuler sur la toile. Législateur : Dailymotion. Motif invoqué : caractère pornographique.

S’est alors dessinée une interrogation sur les paradoxes de la représentation du corps dans l’art et dans la publicité : pourquoi un corps donné à voir dans toute sa vérité, donc nu, sur un plateau, dans une visée artistique, choque-t-il bien davantage - les enfants comme les adultes - que toute vidéo aux allusions clairement sexuelles, à but commercial ?

Imposant challenge pour un interprète qui a mis des années à abdiquer devant le fantasme de l’Apollon athlétique et ténébreux pour accepter son corps blanc, mince et imberbe, ce nouveau solo tente de démêler la confusion fossile entre nudité et obscénité.

Dans un climat chatoyant d’autodérision, déjouant le parfum de scandale que suscite le nu, Sylvain Riéjou propose son lexique du dénuement et le met en pratique avec son propre corps pour mettre en évidence que c’est là l’acte le plus engagé et engageant du danseur. Il nous rappelle, avec une étonnante pudeur, que toute création artistique est intrinsèquement une mise à nu.

Avec « Je rentre dans le droit chemin... », Sylvain Riéjou défie la question de la nudité sur scène, entre fausse conférence et danse vraie !

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VACA

Dans le cadre de Danse Dense #lefestival

Fable écologique à la fois documentaire et fictionnelle, Vaca sonde les paradoxes de la figure de la vache, à la fois bucolique et ancestrale, mâcheuse et triviale. Paysage dansé et mental, la pièce pose la question du vivant réduit à l’état de matière et met à jour une dialectique de temporalités : celle de l’animal, organique, vécue, non spectaculaire, et celle de l’homme, organisée, mécanisée, mise en scène. Comment force-t-on un corps à se standardiser en bouts de viande ?

Star du salon de l’Agriculture, éminemment présente dans la mythologie, l’art, le rayon boucherie du supermarché et divers concours, la vache est partout. Vaca s’appuie sur l’animal millénaire, emblème de l’emprise de l’homme sur le vivant, ici vénéré, là abattu, pour investir une étude plus large sur le rapport de l’homme à la nature. Ethologie dansée de la vache pour en tirer le portrait d’un être, d’une temporalité, d’une sensation, le duo propose un regard aussi discursif que sensible.

Les danseuses expérimentent, déploient et traversent des états de corps emprunts de lenteur, apathie, et échos de mouvements, d’une part, glissant vers la mécanisation et le rythme cadencé d’autre part. La succession de tableaux, dont une line dance inspirée du folklore cow-boy induit les interprètes dans une connivence implicite - telles des vaches dans un pré-traversées par ces figures les danseuses dressent subrepticement un parallèle entre le corps de la femme standardisée et celui de la vache.

Fable écologique à la fois documentaire et fictionnelle, Anna Chirescu élabore dans « Vaca » une écriture chorégraphique partant d’une observation minutieuse de la physicalité animale, et puise dans des sources théoriques, visuelles et sonores sur et autour de la figure de la vache.

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