Les Jeudis de la Sorbonne, c’est le rendez-vous régulier du Carreau du Temple qui propose en accès libre des débats et conférences aux formats innovants et variés, abordant des questions d’actualité et de société.
Thématique 2017/2018 : Culture et transgression
- La transgression des limites du handicap par et pour l'art
La transgression peut se comprendre comme le dépassement de ses propres limites. La transgression consiste à ne pas obéir et/ou respecter une loi, un ordre ou un interdit. Mais si on adopte une définition plus large de cette notion, il s’agit de tendre vers quelque chose qui n’est pas habituel, d’aller au-delà des limites et de ses limites et de ne pas se conformer à une attitude courante.
Pour cette séance des Jeudis de la Sorbonne, les étudiants décident de questionner les limites imposées par le handicap, qu’il soit physique et/ou mental, et de voir comment les personnes qui en sont atteintes peuvent, par et pour l’art, les transgresser.
Il s'agira de comprendre comment ces personnes arrivent à passer outre le jugement des autres vis-à-vis du handicap qui serait un frein à la création et au succès. Cette forme de transgression va contre ce qui est habituel, à savoir la norme qui suppose que la personne handicapée ne peut pas forcément créer, qu’elle est exclue par une partie de la société et se voit refuser certains domaines (professionnels ou de pratique artistique amateur…). Nous pourrons ensemble connaître les raisons qui ont poussé ces personnes vers l’art et la manière dont elles l’ont investi, les difficultés qu’elles ont rencontrées et les solutions qu’elles ont trouvées pour se dépasser.
Afin de partager leur expérience et leurs points de vue des intervenants variés, le Carreau du Temple recevra à la fois des personnes atteintes de handicap et qui ont un rapport à l’art et des artistes ou intervenants du milieu médical ayant travaillé avec des personnes atteintes de handicap.
Les intervenants créeront une rencontre innovante autour du thème du handicap et de son rapport à l’art, afin de parler des différentes façons de les dépasser dans le monde de l’art.
Guillaume Bats est humoriste, auteur et chroniqueur français et est atteint d’ostéogénèse imparfaite, aussi appelée “maladie des os de verre” qui se caractérise par une fragilité des os.
Il devient connu en 2012 à travers l’émission “on n’demande qu’à en rire” diffusée sur France 2 de 2010 à 2014. Grâce à cette émission, il se fait repérer par de nombreux humoristes tels qu’Anthony Kavanagh, Jérémy Ferrari ou encore Jean-Marie Bigard qui lui proposent de faire leurs premières parties. Aujourd’hui, il est produit par Jérémy Ferrari et Eric-Antoine.
Fanny Lebert-Ciumei danse depuis qu’elle marche. Si elle ne danse pas, elle chante, elle écrit. Elle met en scène les créations de la compagnie 3 petits points suspendus qui rassemble autour du jeu des adultes en situation de handicap psychique et des comédiens, amateurs ou professionnels.
Fanny est également art-thérapeute, diplômée de la faculté de médecine et exerce auprès d’enfants comme d’adultes aux troubles variés.
Danseuse contemporaine, Claire Gérald est aussi depuis 11 ans chorégraphe et directrice artistique de la compagnie TAM, pour laquelle elle travaille en collaboration avec Joséphine Tilloy. Toutes deux expérimentent et cherchent à partager l’imaginaire, à s’engager avec les autres.
- Art et sexualité : transgressifs ?
Marie Constant, Virginie Morisson, Flore Malonda
Comment définir la transgression culturelle et en quoi peut-elle être porteuse de sens ? Où commence-t-elle dans ce domaine particulier et par rapport à quel type de normes celle-ci s’effectue-t-elle ?
Pour répondre à ces questions ou du moins pour amorcer un début de réponse, nous avons choisi, pour cette seconde conférence des Jeudis de la Sorbonne, d’aborder le thème de l’Art et de la Sexualité. Étant de moins en moins tabou, le sexe est-il encore transgressif aujourd’hui ? Et surtout, l’a-t-il déjà été ?
À travers les âges, nous interrogerons les sociétés de nos ancêtres qui, déjà, représentaient le sexe sous toutes ses formes et à travers différents médias. D’abord représenté au cœur d’un art caché, il semble avoir pris place dans notre société à travers la banalisation de la pornographie, de certains vidéoclips déplacés (ou simplement osés) ou encore via la littérature érotique très en vogue. Toutefois, quel accueil faisons-nous aux artistes de l’intime ? Comment sont-ils perçus ?
Lors de cette conférence, nous nous efforcerons de répondre à ces questions d’un point de vue historique afin de mieux comprendre où en est notre société actuelle quant à la réception de l’art et la sexualité. Notre regard est aussi porté vers l’avenir, la Recherche en Littérature et en Histoire de l’Art se penchant enfin sur les questions de l’art et de la sexualité, ouvrant ainsi de nouveaux champs d’interrogations, et une nouvelle discipline de recherche universitaire et scientifique, mais ouvrant également un nouveau marché… Ou seulement, en rendant visible un marché qui était jusqu’alors honteux ? L’intérêt de cette conférence est de brasser le large panorama du sexe dans la culture avec une grande diversité d’intervenants. Nous cherchons à atteindre un public large de professionnels de divers horizons car l’idée de ce Jeudi de la Sorbonne pourrait être reprise ultérieurement pour un séminaire. Ainsi, nous essaierons de répondre à ces questionnements, lors de la conférence qui se tiendra le 7 novembre 2017 à 19h au Carreau du Temple.
Pour cette seconde soirée des Jeudis de la Sorbonne sur le thème Culture et Transgression, nous aurons l’honneur d’accueillir une historienne, une artiste et une professionnelle du monde de l’art :
Nos intervenantes : Née au milieu des années 80, Clémentine D. Calcutta est historienne de l'art et auteure. Elle a fait ses études universitaires entre Lyon, Philadelphie, Québec et Paris. Le surréalisme, le kitsch et l'érotisme sont inextricables de sa vie et servent son propos. Après de nombreuses collaborations au sein de journaux et blogs artistiques indépendant (Boum Bang, Le Tag Parfait, Le Bateau), elle a sorti en juin 2017 Tatouée sur canapé, une réflexion autobiographique sur le tatouage, aux éditions Dystopic. Elle poursuit actuellement ses recherches sur les femmes artistes et la représentation du phallus dans leurs œuvres.
Jessica Rispal, fondatrice et rédactrice en chef du Bateau magazine, revue trimestrielle d’art libre autour des corps et des sexualités. Graphiste de métier, photographe depuis 1998, elle a fondé cette revue en février 2015. Elle a créé Le Bateau avec l'envie de rassembler des artistes autour de l'art érotique dans un support papier de qualité et de le diffuser librement, sans censure ;
Nous aurons également le point de vue d’une artiste, avec la présence de Stéphanie Chardon, qui a été confrontée à la censure en publiant ses œuvres érotiques sur Facebook, ce qui a suscité de nombreuses réactions... Elle est diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Beaune.
- Transgresser les règles : Tabou et Menstrues
Bien que le tabou lié au sang menstruel commence à vaciller dans certains cercles grâce aux artistes, aux militant.e.s ou à certains médias, parler du sang des règles reste une forme de transgression depuis les milieux scientifiques, artistiques et politiques, jusque dans l’environnement professionnel, éducatif ou familial.
Ainsi, en croisant les différents points de vue et expériences de nos intervenantes, nous souhaitons présenter un panorama des différents leviers disponibles aujourd’hui pour faire évoluer les représentations et s’interroger sur les moyens mis en oeuvre pour faire en sorte que le sang des règles, l’objet “transgressif” de notre conférence ne le soit plus à l’avenir. Comment la culture, au sens large (pratiques sociales, recherche, arts…), contribue-t-elle à remettre en question et à renverser le tabou des règles ?
- Queer : adjectif indéfinissable ?
Avec Elise Thiébaut, Fur Aphrodite et Fanny Godebarge
Organisé par Emilie Avizou, Yahsuan Lin, Margaux Luchet, Nausicaa Mans et Lucie Robert
Dans les années 1950 le terme « queer » était chargé d’un sens péjoratif : « pédé », « gouine », mais surtout « bizarre » ou « tordu ». Il désignait quelqu’un d’abject, parce qu’il ne rentrait pas dans la norme. Aujourd’hui le queer embrasse une multitude d’identités et de pratiques qui trouvent leurs sources dans les sexualités minoritaires.
A son fondement, la culture queer était radicale et subversive : elle s’attaquait, par diverses formes, qu’elles soient politiques ou artistiques, à l’hégémonie hétérosexuelle, au patriarcat, aux diverses formes de binarisme, et revendiquait un pluralisme des genres et des sexualités. On assiste cependant, depuis quelques années, à une assimilation des LGBTQ+ à la société hétérosexuelle, par la revendication de droits similaires : l’exemple le plus marquant restant le mariage pour les personnes de même sexe. Semblent se distinguer alors deux courants : l’un blanc, privilégié, et urbain qui tend à être intégré à la norme; l’autre plus radical et plus transgressif, notamment à l’égard même de cette culture gay “normalisée”. Mais que reste-t-il de la culture queer aujourd’hui ? Que viseraient aujourd’hui les cultures queer subversives : la culture hégémonique gay ou la culture hégémonique straight ? Où est-ce que ces deux cultures se rencontrent et se superposent ?
Avec Maïc Batmane (artiste queer), Nelly Quemener (universitaire), et Alexandre Gaulmin (organisateur du festival Loud & Proud)
- La transgression, un moteur de la mode ?
Mettre en lumière les liens qui existent entre les notions de “mode” et de “transgression” relève d’une expérience complexe. En envisageant la mode, et plus précisément la mode vestimentaire comme la manière de se vêtir conformément aux goûts d’une époque et d’une région donnée, il s’agit de considérer ce phénomène aussi bien comme collectif, social que comme individuel. La mode en tant que sujet subjectif et subversif, questionne, fait débat, créée la polémique, et nous amène à nous positionner face à ce que nous considérons comme transgressif.
L’objectif de cette table ronde serait de déterminer le rôle, mais aussi, et surtout, le sens porté par la transgression dans l’univers de la mode, et ce à tous les niveaux, aussi bien dans l’industrie de la mode qu’au sein de la construction sociale des individus.
D’Alexander McQueen à Rick Owens en passant par Demna Gvasalia, la haute couture amène la transgression sur les podiums. Les créateurs défont et réinventent incessamment les modes, et les règles qui en découlent. Toutefois, la mode peut aussi être envisagée comme une expérience plus personnelle, un fait psychosocial qui forge notre identité. Le vêtement, et tous les codes sociétaux qui l’accompagne, s’inscrit dans le champ sociologique. Les effets d’appartenance, les choix et désirs individuels transcendent le simple acte de s’habiller et traversent toutes les couches sociales. En ce sens, la mode peut être appréhendée comme un moyen pour l’individu de dénoncer, de s’émanciper, d’être, et passe ainsi naturellement par la transgression d’un code ou d’une norme particulière.
Il ne s’agira en aucun cas de déterminer ce qui est transgressif ou ce qui ne l’est pas, ou encore de vouloir imposer une vision dichotomique du conformisme, mais plutôt de nous interroger sur les ficelles qui articulent une réflexion conjointe entre mode et transgression.
Le défi substantiel de cette conférence sera de représenter les différentes facettes de la mode grâce à nos trois intervenants provenant d’horizons variés et complémentaires: la sociologie, le journalisme et le stylisme. A travers un format atypique, nous vous invitons à venir prendre part au débat.
- Dark & Deep : Web, Liberté et Surveillance
« Monde parallèle », « zone obscure », « lieu de non-droit virtuel », « amazon de stupéfiants »…
L’imaginaire collectif s’avère particulièrement inventif lorsqu’il s’aventure à l’orée du darknet, reprenant à tout-va et de manière primitive certaines des mythologies populaires qui l’entourent. Souvent qualifié “d’espace”, et qui plus est, présenté comme le plus profond de la toile, il est vu et désigné par certains comme le terrain de jeu de tous les complots, où criminels, terroristes et pervers sont les principaux protagonistes; par d’autres, comme l’espace de liberté ultime, une utopie délivrée de toutes frontières, libérée du joug de la surveillance étatique ou industrielle. Dans ces protocoles cryptographiés se réfugient également activistes, journalistes, artistes censurés, lanceurs d’alerte, dissidents ou simplement citoyens qui cherchent à éviter la traçabilité de leurs données personnelles par l’internet commercial. Le darknet semble repousser les limites de la transgression, comme dans sa position extrême, forme de jungle virtuelle, il pose la question de nos droits fondamentaux à la vie privée et à l’anonymat.
Dans ce dernier « Jeudis de la Sorbonne : Culture et Transgression », le cycle de conférence organisé par les étudiants de Master 1 "Direction de Projets ou d'Etablissements Culturels" de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, nous sommes à la recherche de gestes transgressifs, qui semblent s’être raréfiés face aux effets de surveillances étendues imposés dans le monde global contemporain. Certaines questions se posent. Tout d’abord, quelle place pour la liberté d’expression dans un monde d’interconnexion généralisée, de géolocalisation et de vidéosurveillance automatisée ? Comment échapper à cette surveillance, et comment le darknet permet-il de repenser l’idée même de transgression ? Le darknet se place-t-il comme une forme d’opposition ou d’alternative au réel ? Quelle place pour les darknets dans nos sociétés, et dans la création artistique ? Franchir le seuil de cet « abîme » est-il l’acte ultime de transgression ?
Alors que le sujet a été traité à de nombreuses reprises (à la télévision, dans les journaux, sur le net), de manière plus ou moins critique, le darknet peut-il prétendre à une place prépondérante dans notre société ? Par quel moyen peut-il se muer en véritable phénomène culturel ? Le modèle crypté du darknet peut-il s’imposer comme un modèle dominant, et mettre en péril la suprématie des grands groupes comme Google, Facebook… ? Will the revolution be computerised ?
Pour nous accompagner dans ce débat nous avons l’honneur de compter sur : Nicolas Arpagian : Enseignant, conférencier et auteur du livre "La Cybersécurité”. Spécialiste du monde numérique, il est actuellement directeur de la Stratégie et des affaires publiques d’Orange Cyberdefense, il a écrit dans différentes publications et est coordinateur de l’enseignement “Stratégies d’Influence & Lobbyning” à l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice, ce qui fait de lui une voix sensibilisée à ce sujet. Paul Mathias : Philosophe, Inspecteur général de l'Education national, il fut directeur de programme au Collège international de philosophie. Membre des équipes de recherche « Réseaux, Savoirs et Territoires » (ENS-Ulm & ENSSIB) et « Vox Internet » (MSH, Paris), il a entrepris ses recherches autour des questions philosophiques suscitées par l’émergence de l’Internet au milieu des années 90 et a depuis publié « La Cité Internet », «Des Libertés numériques» et « Qu’est-ce que l’Internet ? ». Vincent Bonnefille : artiste. Sa recherche prend comme nœuds d'intrigue quelques Net/Web.artistes. Leurs créations sont le point de départ d'une réflexion (et vulgarisation) sur les imaginaires qui sont en jeu autour des profondeurs du web, de l'obscurité des réseaux... Il se questionne sur l’expansionnisme informationnel que prennent nos sociétés, sur ce que promettent d'utopie ces "anomalies techniques”… Ag3m et Akhin (Le Reset) : L’organisation Le Reset est un Hackerspace féministe qui travaille et propose de nombreux espaces, des ateliers et conférences autour du monde numérique. Le Reset partage, intègre, permet l’accessibilité pour tou.te.s et accueille les personnes minorisées tous les dimanches à la Mutinerie à Paris.
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